Cameroun - Guerre Contre Boko Haram/Edouard Kalapa (secrétaire permanent de la Caritas du diocèse de Maroua-Mokolo): «Nous lançons un cri d’alerte pour que les gens aient en tête que la crise de Boko Haram n’est pas terminée»

Par Claude Paul TJEG | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 24-Nov-2020 - 17h21   5166                      
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Mozogo après une attaque de Boko Haram capture d'écran
Le prélat a fait des révélations au sujet du calvaire que vivent les populations de l’Extrême-Nord.

La crise sécuritaire qui a cours dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest a quelque peu fait oublier, l’horreur que vivent presque quotidiennement les populations de certaines agglomérations de la région de l’Extrême-Nord. En effet, il ne passe pas un mois sans que les miliciens de la secte islamiste Boko Haram y mènent des raids sanglants. La semaine dernière, le 42e Bataillon d’infanterie motorisée a mis hors d’état de nuire, 3 éléments de la secte islamiste dans la localité de Malika, située à 15 km de Mora.

Toutefois cet acte de bravoure n’est qu’un paravent qui cache une bien sinistre réalité. Nos forces de défense peinent à assurer convenablement la protection des citoyens dans cette région. Du moins c’est ce que semblait indiquer Edouard Kalapa, secrétaire permanent de la Caritas du diocèse de Maroua-Mokolo, dans un entretien accordé à Vatican News.

Selon ce dernier, «la région de l’Extrême-Nord et les villages qui sont à la frontière sont régulièrement victimes d’attaques quasiment pas connues. Les populations vivent ces menaces dans le silence et n’arrivent pas à recevoir les aides dont elles auraient besoin pour mener une vie normale», indique-t-il dans un premier temps, avant de rappeler à l’opinion nationale que «la crise de Boko Haram dans l’Extrême Nord du Cameroun n’est pas terminée».

Poursuivant avec sa rhétorique alarmiste, le prélat explique que l’on «peut estimer aujourd’hui à 550 mille le nombre de personnes déplacées, dont environ 100 mille réfugiés nigérians et le reste ce sont des déplacés internes camerounais. Cette région de l’Extrême-Nord, qui reçoit en ce moment beaucoup de personnes déplacées, vit aussi une situation de pression foncière, c’est-à-dire que la densité est assez élevée et qu’il n’y a pratiquement plus de terres. Même pour les populations hôtes, cela pose un sérieux problème d’accueillir ces personnes déplacées».

 «Les zones où elles s’installent sont un peu plus sécurisées et elles n’y courent pas de dangers particuliers, sauf celles qui sont restées dans leurs villages à la frontière et continuent de vivre une situation assez alarmante. Elles sont obligées de passer des nuits dehors et se font même attraper par des éléments de Boko Haram dans leurs cachettes. C’est ainsi, par exemple, qu’à Nguetchewe, des personnes ont été prises dans leurs refuges de nuit et ont été abattues. On a perdu plus de dix-sept personnes dans ces conditions. Donc, la sécurité n’est pas du tout assurée dans les villages à la frontière».

 

Auteur:
Claude Paul TJEG
 @T_B_D
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