Cameroun - Institutions et Démocratie/Siméon Kuissu: «Au Cameroun, jusqu’à présent, l’armée, la police, les fonctionnaires du commandement, et surtout la justice sont aux ordres du "président"»

Par Béatrice KAZE | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 22-Jan-2021 - 15h31   13389                      
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Dr Siméon Kuissu archives
Dans une tribune libre publiée dans les colonnes du journal Le Messager édition du 22 janvier 2021, le militant du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun analyse les évènements survenus le 6 janvier 2021 aux Etats-Unis et fait une comparaison avec les démocraties africaines.

Pour Siméon Kuissu, l’échec de la tentative de coup d’état de Donald Trump (invasion du Capitole par ses partisans le 6 janvier 2021) a confirmé la solidité des institutions américaines. La preuve: «L’armée a refusé d’exécuter les ordres anti républicains du Président. La justice a ignoré ses tentatives de manipulation. Les gouverneurs des Etats sollicités par Trump pour inverser les résultats électoraux ont refusé. La police d’abord débordée a envoyé des renforts pour expulser la horde des «fous de Dieu» qui avait envahi le capitole, temple du système démocratique américain», écrit-il.

Des actes qui montrent que «les institutions se sont retrouvées en train de défendre la République contre celui, le chef de l’Etat, qui est censé la protéger !».  Selon cet ancien militant de l’Union des Populations du Cameroun (UPC), «c’est là toute la différence avec les prétendues démocraties africaines. Au Cameroun, jusqu’à présent, l’armée, la police, les fonctionnaires du commandement, et surtout la justice sont aux ordres du «président». Donc il ne suffit pas d’avoir des institutions pour que la démocratie soit. Il faut aussi des hommes et des femmes démocrates eux-mêmes», soutient-il.

Voici l’intégralité de sa tribune:

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Par Siméon KUISSU

«La crise qui a suivi l’élection présidentielle du 4 Novembre 2020 aux Etats Unis ne révèle pas la fragilité de la démocratie américaine, mais la folie de la classe politique républicaine, qui a laissé un déséquilibré mental accéder à la présidence de la République». L’échec de la tentative de coup d’état de Donald Trump a confirmé la solidité des institutions américaines. L’armée a refusé d’exécuter les ordres anti républicains du Président. La justice a ignoré ses tentatives de manipulation. Les gouverneurs des Etats sollicités par Trump pour inverser les résultats électoraux ont refusé. La police d’abord débordée a envoyé des renforts pour expulser la horde des « fous de Dieu » qui avait envahi le capitole, temple du système démocratique américain. La classe politique républicaine, aveuglée par les «suprématistes blancs» porte la lourde responsabilité de diviser la société américaine et de semer la semence d’une nouvelle guerre civile dont elle n’est même pas certaine d’en sortir victorieuse.

  Les institutions se sont retrouvées en train de défendre la République contre celui, le chef de l’Etat, qui est censé la protéger ! C’est là toute la différence avec les prétendues démocraties africaines. Au Cameroun, jusqu’à présent, L’armée, la police, les fonctionnaires du commandement, et surtout la justice sont aux ordres du «président». Donc il ne suffit pas d’avoir des institutions pour que la démocratie soit. Il faut aussi des hommes et des femmes démocrates eux-mêmes. La démocratie ce n’est pas ce qui est marquée sur le papier, c’est ce qui est inscrit dans les têtes. Combien de temps faudra-t-il au Cameroun pour forger de telles têtes ?

  «Crise post- électorale», les mêmes mots qu’au Gabon, en RDC, au Cameroun, en Côte d’ivoire, et en Guinée ? Etc... Les mêmes mots, mais pas la même issue. L’Amérique n’est le pré- carré de personne. La similitude des procédés utilisés par les dictateurs africains «sortant entrant» signifie que ces procédés ont été élaborés dans les mêmes officines, c’est-à-dire par les lobbies néocoloniaux occidentaux, qui n’acceptent pas et n’accepteront jamais que l’Afrique devienne libre et indépendante. A nous d’en tirer les conclusions: Résister ! L’antériorité nègre de la culture humaine ne signifie pas que l’Afrique a connu son heure de gloire dans l’antiquité et qu’elle est désormais vouée aux gémonies.

Auteur:
Béatrice KAZE
 @T_B_A
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