Cameroun - Justice: Deux mineurs de 15 et 16 ans, écroués à la prison de Kondengui pour une rocambolesque affaire de vol de 200 000 FCFA

Par Fred BIHINA | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 24-Apr-2019 - 15h12   4049                      
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Prison centrale de Kondengui Archives
Les deux infortunés, élève et écolier, sont en prison depuis un mois. La justice les soupçonne d’avoir volé la somme de 200 000 FCFA au domicile de leur accusateur.

Un autre cas d’abus dans une affaire judiciaire. Deux mineurs, soupçonnés d’avoir volé 200 000 FCFA au domicile d’un particulier, sont privés de liberté depuis un mois. Malgré les tentatives d’arrangement à l’amiable, initiées par leurs parents respectifs, les deux infortunés ont été écroués à la prison centrale de Yaoundé-Kondengui.

Les faits

Les mises en cause se nomment William Ayeme, 16 ans et Wilfried Kamtchueng, 15 ans. Le premier est élève au CMII dans une école de place, alors que le second est inscrit en classe de 2nde au lycée bilingue de Yaoundé. Selon le récit des faits de la télévision Equinoxe,  Ils sont accusés par sieur Nomo Martin d’avoir volé la somme de 200 000 FCFA à son domicile. Les deux mineurs effectuent en effet, régulièrement, des tâches dans la résidence du plaignant.

Suite à une plainte déposée par ce dernier, les deux adolescents ont été arrêtés et gardés à vue à la Brigade de gendarmerie de Ngousso pendant plusieurs semaines. Après exploitation, ils ont été écroués à la prison centrale de Kondengui, pénitencier réputé pour ses conditions difficiles de détention. Ils viennent de passer leur 8ème nuit dans l’enfer de ladite prison.

Supplications

Si William Ayeme et Wilfried Kamtchueng sont en prison, ce n’est pas faute d’avoir tenté de négocier par l’entremise de leurs parents respectifs. Des tentatives d’arrangement à l’amiable qui ont toutes buté face à l’intransigeance du plaignant. «Dès qu’on avait incarcéré mon enfant à la brigade, je suis partie avec une somme de 50 000 FCFA pour supplier le plaignant, il m’avait demandé 2 millions de FCFA», raconte Mme veuve Anne Afougue, la mère de William Ayeme.

«Je suis allée le voir plusieurs fois. La première fois, j’avais 50 000 FCFA, en compagnie de l’autre dame (Mme Anne Afougue). Ensuite, nous nous sommes endettées au quartier pour lui proposer la somme de 400 000 FCFA. Mais, il a refusé. Il a dit que nos enfants iront en prison», relate à son tour, Mme Béatrice Ngounou, épouse Simo mère de Wilfried Kamtchueng.

Dépitées, les deux femmes en appellent à l’intervention des autorités, y compris du Président de la République et de son épouse. Leurs supplications ont déjà été entendues par plusieurs personnes. D’abord, l’activiste des droits de l’Homme, David Eboutou. Comme avec l’affaire Jules Omer Tchuenkam (récemment libéré après 10 ans derrière les barreaux sans jugement), c’est lui a mis le dossier sur la place publique. Ensuite, deux avocats ont spontanément décidé de se constituer pour la défense des deux mineurs.

Vices

Rencontrés par Equinoxe au sortir de l’audience tenue le 23 avril 2019 au Tribunal de Première Instance (TPI) de Yaoundé centre administratif, les deux hommes de loi ont dénoncé des violations de la loi. Rappelant que l’incarcération des mineurs est encadrée par des dispositions légales, Me Marthe Zinchem A Bodio dénonce des abus. «Cet encadrement est régi par les articles 700 et suivants du Code de Procédure Pénal. Dans le cas d’espèce, les faits qui sont assez légers, ne devraient pas faire l’objet de détention de ces enfants qui sont par ailleurs des élèves», explique l’avocate au Barreau du Cameroun.

De son côté, Me Giorgi Ngakele Massi, autre avocat constitué pour les détenus, rappelle que «les articles 700 et suivants, associés aux articles 246 du Code de Procédure Pénal, prévoient la surveillance judiciaire et la mise sous garde des enfants par les parents. Malheureusement dans ce cas, on a eu à faire à une plainte très légère, à des faits extrêmement légers, qui ont conduit ces mineurs en prison», dénonce l’homme de loi.

Les deux avocats se disent confiants quant à l’issue de cette procédure. Toutes les tentatives de contacter le plaignant par notre confrère, se sont soldées par un échec.

Fred BIHINA  

Auteur:
Fred BIHINA
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