Cameroun - Justice: Michel Thierry Atangana déplore le silence de la France

Par Wiliam TCHANGO | Cameroon-Info.Net
Douala - 22-Apr-2016 - 06h35   53318                      
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Depuis sa libération en février 2014 après une grâce présidentielle, le Franco-Camerounais n’a toujours pas été réhabilité ni indemnisé. Il se dit abandonné par la France.
Depuis sa libération en février 2014, Michel Thierry Atangana n’a toujours pas été réhabilité ni indemnisé
Photo: (c) Archives

Depuis sa sortie de prison, Michel Thierry Atangana souffre le martyre. Libéré en février 2014 après avoir passé dix-sept ans à la Prison centrale de Yaoundé, le Franco-Camerounais attend toujours le soutien de la France. Les multiples courriers adressés à la présidence de la République restent jusque-là sans suite. Selon Le Nouvel Observateur, celui qui était accusé de «Grand gangstérisme d’État» par le Cameroun n’a plus rien.

Divorcé et père de quatre enfants, il a été reçu à l’Élysée (Présidence française) et au Quai d’Orsay (Ministère des Affaires étrangères). Mais jamais, il n’a été réhabilité ni indemnisé, comme l’exigeait le Groupe de travail sur la détention arbitraire de la Commission des droits de l’homme de l’ONU, après sa libération. Il lui aurait été suggéré de tourner la page. Et de s’inscrire au RSA (Revenu de Solidarité Active).

Le Franco-Camerounais a le sentiment que les autorités françaises n’ont pas assez d’égards pour lui. Cette impression a d’ailleurs été nourrie depuis son séjour en prison. Pendant 15 ans, il n’a pas eu droit à une seule visite diplomatique, encore moins à une enquête parlementaire. «La simple protection consulaire m’a été refusée. Même si la France considérait que j’étais coupable, on aurait pu au moins s’assurer que mes droits étaient respectés, vérifier mes conditions de détention. J’ai eu le sentiment que je n’étais pas un Français comme les autres», a-t-il confié à la Rédaction du Nouvel Observateur.

S’il a reçu ses premiers soutiens des États-Unis (en 2005, le Département d’État lui reconnait le statut de prisonnier politique; en 2013, Amnesty International lui accorde le statut de prisonnier d’opinion...), aucune ONG française ne s’est véritablement mobilisée. Le premier Président français à lui avoir écrit (en 2012) fut François Hollande, quinze ans après son incarcération. Le Chef de l’État hexagonal s’était engagé à faire son possible pour l’aider.

Voyant comment d’autres affaires impliquant les Français ont été gérées à travers le monde (Affaire Florence Cassez, Affaire de l’arche de Zoe…) Michel Atangana est convaincu qu’ «il n’y a pas le même intérêt pour un Français de couleur». «Quand la France est intéressée, elle sait s’impliquer. Là, ils se sont dit que c’était une histoire d’Africains entre eux, forcément louche. Que je ne valais pas la peine de créer un incident diplomatique», regrette-t-il.

Envoyé au Cameroun en 1994 pour gérer un consortium regroupant cinq géants français du BTP, qui devait développer un réseau d’autoroutes au Cameroun, pour un budget de 500 millions d’Euros, Michel Thierry Atangana a été arrêté le 12 mai 1997. Il était accusé par le pouvoir de Yaoundé d’avoir utilisé les caisses du consortium supervisé par une structure publique franco-camerounaise pour soutenir la campagne de Titus Edzoa. Ce dernier venait de démissionner de son poste de Ministre de la Santé publique pour annoncer sa candidature à la présidentielle 1997. Traduit en justice, il avait été reconnu coupable de détournement des fonds publics.

Wiliam Tchango

Auteur:
Wiliam TCHANGO
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