Cameroun: La défenseuse des droits de l’homme Maximilienne Ngo Mbe menacée de mort !

Par Pierre Arnaud NTCHAPDA | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 26-Jun-2017 - 18h48   9006                      
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Maximilienne Ngo Mbe Nkom, Directrice exécutif du REDHAC Archives
L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme appelle les défenseurs des droits humains à « intervenir de toute urgence » sur sa situation.

L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme, partenaire de la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) et de l’Organisation Mondiale Contre la Torture (OMT) lance une alerte. Elle est alarmée pas la situation  de Maximilienne Ngo Mbe. Selon lui la défenseuse des droits de l’homme active au Cameroun subit des menaces de mort. Dans l’ « appel urgent » lancé le 23 juin 2017, l’Observatoire demande aux défenseurs des droits humains d’intervenir « de toute urgence ».  

Selon l’organisation, Mme Ngo Mbe subit des «menaces de mort ». Et d’expliquer en s’appuyant sur des « informations reçues », que le 30 mai 2017, Maximilienne Ngo Mbe était la destinataire d’un message qui l’avertissait de ce qu’un proche cherchait à attenter à sa vie. Entre cette date et le 10 juin 2017, elle était la cible d’appels anonymes reçus chaque jour autour de 18heures. La voix qui lui parlait déclarait : disant « nous allons vous tuer », « vous allez mourir, sachez-le et quoique vous fassiez », « notre pays ne cédera pas à une quelconque déstabilisation ». L’Observatoire relève que les menaces contre Maximilienne Ngo Mbe ne datent pas d’aujourd’hui. Selon lui elle est secouée et ce de façon régulière depuis l’année 2010.

Les persécutions n’épargnent pas sa famille, lit-on dans l’alerte. « En septembre 2012, la nièce de Mme Ngo Mbe a été enlevée et violée à la sortie de l’école. Selon les informations reçues, les ravisseurs auraient confondu cette dernière avec la fille de Mme Ngo Mbe. De même en avril 2013, des individus non identifiés ont tenté d’enlever le fils de Mme Ngo Mbe alors qu’il se trouvait à l’école. A la même époque Mme Ngo Mbe faisait également l’objet de harcèlement téléphonique et aurait également été victime de filatures et d’écoutes téléphoniques et d’autres actes d’intimidation de la part des services de renseignement », rapporte l’Observatoire qui adresse sa correspondance à Paul Biya et Philemon Yang notamment.

 

Lire ci-dessous l’intégralité de l’ « appel urgent » de l’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’homme

 

 

Cameroun : Menaces de mort à l’encontre de Mme Maximilienne Ngo Mbe, directrice exécutive du REDHAC

23/06/2017

APPEL URGENT                                                      

Défenseurs des droits humains

Cameroun

CMR 002 / 0617 / OBS 068
Menaces de mort
Cameroun
23 juin 2017

L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme, partenariat de la FIDH et de l’Organisation Mondiale Contre la Torture (OMCT), vous prie d’intervenir de toute urgence sur la situation suivante au Cameroun.

Description de la situation :

L’Observatoire a été informé par le Réseau des Défenseurs des Droits de l’Homme en Afrique Centrale (REDHAC) des menaces de mort formulées à l’encontre de Mme Maximilienne Ngo Mbe, directrice exécutive du REDHAC.

Selon les informations reçues, le 30 mai 2017, Maximilienne Ngo Mbe a reçu un message la prévenant qu’un « de ses proches veut la tuer ». Par ailleurs, entre les 30 mai et 10 juin 2017, celle-ci a reçu de manière quotidienne des appels anonymes aux alentours de 18h lui disant « nous allons vous tuer », « vous allez mourir, sachez-le et quoique vous fassiez », « notre pays ne cédera pas à une quelconque déstabilisation ».

Ces menaces s’inscrivent dans un contexte où le REDHAC, y compris à travers sa directrice exécutive, s’est prononcé sur la répression d’un mouvement social de protestation en cours dans le Cameroun anglophone depuis novembre 2016, accompagnée d’arrestations d’activistes anglophones poursuivis depuis le 13 février 2017 devant le Tribunal militaire de Yaoundé pour « acte de terrorisme ».

L’Observatoire rappelle que Maximilienne Ngo Mbe fait l’objet de menaces sérieuses et régulières depuis 2010 [1].

La famille de Mme Ngo Mbe est également visée par ces actes. En septembre 2012, la nièce de Mme Ngo Mbe a été enlevée et violée à la sortie de l’école. Selon les informations reçues, les ravisseurs auraient confondu cette dernière avec la fille de Mme Ngo Mbe. De même en avril 2013, des individus non identifiés ont tenté d’enlever le fils de Mme Ngo Mbe alors qu’il se trouvait à l’école. A la même époque Mme Ngo Mbe faisait également l’objet de harcèlement téléphonique et aurait également été victime de filatures et d’écoutes téléphoniques et d’autres actes d’intimidation de la part des services de renseignement.

L’Observatoire dénonce fermement ces nouvelles menaces à l’encontre de Maximilienne Ngo Mbe, ainsi que l’impunité des attaques subies et des menaces reçues depuis 2010, et appelle les autorités camerounaises à diligenter une enquête prompte, exhaustive, impartiale et transparente afin d’identifier tous les responsables et de les sanctionner conformément à la loi, et à garantir en toutes circonstances son intégrité physique et psychologique et sa sécurité ainsi que celles de sa famille.

Actions requises :

L’Observatoire vous prie de bien vouloir écrire aux autorités camerounaises en leur demandant de :

  • Garantir en toutes circonstances la sécurité, l’intégrité physique et psychologique de Mme Maximilienne Ngo Mbe et de sa famille, ainsi que de l’ensemble des défenseurs des droits de l’Homme au Cameroun ;
  • Mettre un terme à toute forme de harcèlement à l’encontre de Mme Maximilienne Ngo Mbe, ainsi qu’à celle de l’ensemble des défenseurs des droits de l’Homme au Cameroun, afin qu’ils puissent exercer leurs activités de défense des droits de l’Homme librement et sans entrave ;
  • Mener sans délai une enquête exhaustive, indépendante, effective, rigoureuse, impartiale et transparente quant aux faits décrits ci-dessus, afin d’identifier les responsables, de les traduire devant un tribunal indépendant, compétent et impartial conformément aux instruments internationaux et régionaux de protection des droits de l’Homme, et d’appliquer les sanctions pénales, civiles et/ou administratives prévues par la loi ;
  • Se conformer aux dispositions de la Déclaration sur les défenseurs des droits de l’Homme, adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies le 9 décembre 1998, et plus particulièrement ses articles 1 et 12.2 ;
  • Plus généralement, se conformer aux dispositions de la Déclaration universelle des droits de l’Homme et instruments régionaux et internationaux relatifs aux droits de l’Homme ratifiés par le Cameroun.

Adresses :

  • M. Paul Biya, Président de la République, Fax +237 222 08 70
    · M. Philémon Yang, Premier ministre et Chef du gouvernement, Fax : +237 22 23 57 35 et courriel : [email protected]
    · M. Laurent Esso, Ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Fax : + 237 223 00 05
    · M. Dr Chemuta Divine Banda, Président de la Commission Nationale des Droits de l’Homme et des Libertés (CNDHL), E-mail : [email protected] / [email protected]
    · H.E. M. Anatole Fabien Nkou, Ambassadeur Mission permanente de la République du Cameroun auprès de l’Office des Nations Unies à Genève, Fax : + 41 22 736 21 65, Email : [email protected]
    · H.E. Mr. Daniel Evina Abe’e, Ambassadeur, Ambassade de la République du Cameroun à Bruxelles, Fax : + 32 2 344 57 35 ; Email : [email protected]

Prière d’écrire également aux représentations diplomatiques du Cameroun dans vos pays respectifs.

*** 
Paris-Genève, le 23 juin 2017

Merci de bien vouloir informer l’Observatoire de toutes actions entreprises en indiquant le code de cet appel.

L’Observatoire, partenariat de la FIDH et de l’OMCT, a vocation à protéger les défenseurs des droits de l’Homme victimes de violations et à leur apporter une aide aussi concrète que possible. La FIDH et l’OMCT sont membres de ProtectDefenders.eu, le mécanisme de l’Union européenne pour les défenseurs des droits de l’Homme mis en œuvre par la société civile internationale.

Pour contacter l’Observatoire, appeler La Ligne d’Urgence :
E-mail : [email protected]
Tel et fax FIDH : 33 1 43 55 25 18 / 33 1 43 55 18 80
Tel et fax OMCT : + 41 22 809 49 39 / 41 22 809 49 29

Notes

[1] Voir l’appel urgent de l’Observatoire CMR 001 / 0315 / OBS 019 en date du 13 mars 2015.

 

Auteur:
Pierre Arnaud NTCHAPDA
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