Cameroun: le web-journaliste Michel Biem Tong reconnait que la prison n'est pas un endroit où il fait bon vivre

Par Otric NGON | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 19-Dec-2018 - 17h30   7594                      
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Michel Biem Tong Archives
Libéré à la faveur de la décision présidentielle d’arrêter les poursuites pendantes devant les tribunaux militaires à l’encontre des prisonniers liés à la crise anglophone, Michel Biem Tong se dit heureux et comblé de recouvrer la liberté.

«C'est avec plaisir que j'ai recommencé à emprunter le taxi et à parcourir certaines parties de la ville de Yaoundé que je ne voyais qu'à partir du car du Secrétariat d’Etat à la Défense (Sed) ou du camion de la prison de Kondengui. C'est aussi un moment de retrouvailles entre mes voisins du quartier, mes amis, certains membres de ma famille et moi», reconnait-il dans une interview accordée à Mutations du mardi 18 décembre 2018.

Michel Biem Tong reconnait que «la prison n'est pas un endroit où il fait bon vivre». Ce passage à Kondengui où il a été placé sous mandat de détention provisoire le 15 novembre 2018, a été pour lui «un moment non seulement de remise en question mais aussi d'élévation spirituelle».

«On peut paraître innocent aux yeux des hommes mais parfois la prison est une résultante de la colère divine. La prison m'a permis de raffermir ma foi en Dieu. Je suis chrétien catholique mais il m'arrivait de prier avec les protestants et les pentecôtistes en prison», raconte-t-il.

«Sorti de prison, je suis désormais convaincu que dans un pénitencier, il n'y a ni bourgeois ni prolétaire, ni riche ni pauvre. C'est vrai qu'il existe des quartiers pour défavorisés mais aussi des quartiers que je qualifierais de chics. Mais tout ce beau monde se rencontre sur une seule cour. Tout ce beau monde se bouscule en un seul lieu pour louer Dieu le dimanche. La prison est une école d’humilité ou on a toujours besoin d'un plus petit que soi».

Dans cette interview, Michel Biem Tong a situé le public sur ses activités à cheval entre journalisme et activisme: «Tout dépend de la posture que l'on adopte et de la plateforme que l'on utilise. J'ai effectivement joué les deux rôles mais chacun à son moment. A travers mon journal en ligne www.hurinews.com  tout comme sur ma chaîne YouTube HURINEWS TV, je remplissais ma mission de journaliste : informer, éduquer, dénoncer. J'écrivais des articles que je publiais sur ma page Facebook».

«Mais activiste, je l'étais parfois. C'est pourquoi on me considérait comme un influenceur web. C'est vrai qu'il m'était reproché de prendre le parti de X ou Y. Mais Desmond Tutu, le célèbre prélat sud-africain disait que la neutralité face à une injustice est une connivence avec l'oppresseur. Ce fut du moins mon leitmotiv avant mon arrestation. Quel sera celui après ma libération ? Je préfère m'arrêter là pour l'instant (rires)», conclut-il.

Auteur:
Otric NGON
 @OtricNgonCIN
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