Cameroun - Loi antiterroriste: La presse camerounaise est-elle menacée ?

Par Jean-M NKOUSSA | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 27-Apr-2017 - 16h55   21816                      
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Des jounalistes sur le terrain Archives
La Nouvelle Expression soutient que le métier de journaliste est « sérieusement » en danger au Cameroun. Surtout après la condamnation du correspondant de RFI.

« Loi antiterroriste : Grave menace sur la presse camerounaise ». C’est le titre qui barre la Une de La Nouvelle Expression (LNE) parue le 26 avril 2017. Le journal revient sur la condamnation lundi dernier, d’Ahmed Abba, le correspondant de RFI, « blanchiment de produits de terrorisme » et « non dénonciation d’actes terroristes ». Il a écopé d’une peine de 10 ans de détention assortie d’une amande de 56 millions de FCFA.

L’occasion pour le journal de revenir sur la loi du 23 décembre 2014, relative à la lutte contre le terrorisme. L’article 4 de ladite loi, souligne LNE, dit que : «Est puni de la peine de mort : celui qui acquiert, recèle, détient, converti, transfère, dissimule ou déguise des produits d’actes de terrorisme. Celui qui utilise ou partage, même occasionnellement les produits d’actes de terrorisme »

Ahmed Abba a ainsi obtenu la peine minimale dans ce genre de cas, renchérit notre confrère. « Depuis l’adoption de par le parlement et la promulgation par le Président de la République de la Loi no 2014/028 du 23 décembre 2014 portant répression des actes de terrorisme, tout se passe comme si le pays fonctionnait dans un cadre où prévaut une ‘‘législation de la peur’’. La législation marquée par des décisions réglementaires propres aux régimes qui fonctionnent en périodes de guerre, de conflits ou de crise grave, avec une certaine prééminence des tribunaux militaires sur les tribunaux civils », écrit le journal.

Le quotidien privé note que la condamnation du correspondant de RFI soulève plusieurs interrogations. « Faut-il livrer la source d’information au risque non seulement de tarir ladite source, mais surtout de perdre en crédibilité ? Quelles sont les garanties de sécurité personnelle du journaliste et du citoyen qui procèdent aux dénonciations d’acte de terrorisme ? Le journaliste est-il devenu un indic, un policier ou un espion ? Pourquoi la Loi no 90/052 du 19 décembre 1990 relative à la liberté de communication sociale a été mise à l’écart alors qu’Ahmed Abba a été arrêté pendant l’exercice de son métier de journaliste ? ».

LNE rappelle afin des dispositions contenues dans la loi et les conventions qui encadrent la protection des sources par les professionnels des médias. D’abord l’article 50 de la loi du 19 décembre 1990 relative à la communication sociale qui dispose que « La protection de la source d’information est reconnue et garantie aux journalistes et aux auxiliaires de la profession de journaliste. Elle ne peut être levée que devant le juge et à huis-clos ». Idem pour l’article 7 de la Charte de Munich du 25 novembre 1971 qui prescrit au journaliste d’«observer le secret professionnel et ne pas divulguer la source des informations obtenues confidentiellement ». 

Auteur:
Jean-M NKOUSSA
 @jmnkoussaCIN
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