C’est un paragraphe d’à peine trois lignes qui s’est subrepticement glissé dans le message de 7 pages que le Président de la République a prononcé le 19 mai 2020, exclusivement consacré à la lutte contre le COVID-19.

«Dans le combat qui est le nôtre aujourd’hui, le Gouvernement s’emploiera à poursuivre la lutte contre toute instrumentalisation ou exploitation politique, économique ou sociale de cette tragédie», a déclaré Paul Biya.

En d’autres termes, le Chef de l’Etat a encouragé les actions menées par le gouvernement, notamment le ministre de l’Administration Territoriale (MINAT), Paul Atanga Nji, pour enrayer l’initiative Survie-Cameroun, lancée par l’opposant Maurice Kamto pour accompagner la lutte contre la pandémie.

Après l’interdiction de cette initiative au motif qu’elle est illégale, le MINAT a suggéré à son collègue des Finances d’ouvrir une enquête par le biais de l’ANIF (Agence d’Investigation Financière) sur l’origine de l’argent collecté au nom de Survie-Cameroun. M. Atanga Nji a aussi instruit les compagnies Orange et MTN de bloquer les transactions du Mobile Money relatives à cette opération.

La justice s’en est mêlée la semaine dernière. Six volontaires de Survie-Cameroun ont été interpellés par la police au marché Mokolo à Yaoundé, alors qu’ils distribuaient du matériel de protection anti-COVID. Ils ont été libérés après cinq jours de garde à vue et un passage devant le procureur.  

Dans la foulée, Alain Fogue, trésorier national du MRC, a été entendu à la sous-direction des enquêtes économiques et financières de la Police Judiciaire sur trois accusations: «suspicion de blanchiment de capitaux», «financement de la résistance aux institutions de la République», «escroquerie du peuple camerounais». L’audition de Christian Penda Ekoka, le président du Comité de gestion de Survie-Cameroun, reste attendue.

La sortie de Paul Biya adoube donc toutes ces actions.