Cameroun - Lycée bilingue d’Ayos: Comment le sous-préfet a giflé un enseignant et ordonné son interpellation

Par Fred BIHINA | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 24-Jan-2020 - 13h18   21400                      
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L'enseignant et le sous-préfet archives
L’autorité administrative s’en est prise à un enseignant de philosophie alors que ce dernier était en pleine évaluation de ses élèves.

Au Cameroun, la toile se passionne depuis 72 heures pour une histoire rocambolesque qui s’est produite au lycée bilingue d’Ayos, dans la région du Centre.

Selon les témoignages concordants, Mireille Sandrine Ngo Mbey, la sous-préfète de cet arrondissement a débarqué, le 22 janvier 2020, au sein de l’établissement pour une opération inopinée de «conscientisation» des élèves.

Sans informer le responsable du lycée, elle a entrepris une tournée dans les salles de classe en compagnie des forces de l’ordre. Certains élèves jugés délinquants ont ainsi vu leurs pantalons déchirés.

Mais les choses vont mal tourner en classe de Terminale A4, où les élèves étaient en pleine évaluation de philosophie.  

«L'enseignant de Philosophie, Dr Stève Ondoua Samba, a demandé à madame le sous-préfet de patienter que les élèves finissent l'évaluation, car il est absurde qu'on suspende temporairement l'évaluation,  proposition que madame le sous-préfet n’a pas acceptée. L'enseignant a refusé que la sous-préfète entre dans sa salle de classe, cette dernière s'est dirigée vers l'enseignant pour le cravater et l'enseignant ne s'est pas laissé faire, il a aussi secoué madame le sous-préfet et les éléments de force de l'ordre sont intervenus pour arrêter l'enseignant», raconte un témoin de la scène.

Dans l’altercation, l’autorité administrative a servi une gifle à l’enseignant. Ce qui a provoqué la colère des élèves. Mais c’est bien l’éducateur qui a été interpellé et conduit à la brigade de gendarmerie d’Ayos.

Face au tollé, le préfet du Nyong-et-Mfoumou et le délégué régional des Enseignants Secondaires pour le Centre sont descendus sur le terrain le lendemain. L’enseignant, M. Ondoua, a immédiatement été libéré après 24 heures de garde à vue.

Malgré cette libération, l’histoire alimente toujours la polémique sur internet. Incriminant le sous-préfet, le sociologue Pr Claude Abe a publié ce message sur sa page Facebook: «Ayos, quand l’autorité administrative rejoint les délinquants contre l’école».

Dans le même temps, le Collectif des Enseignants Indignés du Cameroun, une association qui milite pour les droits des enseignants, annonce une grève pour le mercredi  29 janvier prochain.

Fred BIHINA

 

 

Auteur:
Fred BIHINA
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