Cameroun - Maternité: L’homme politique Serge Espoir Matomba (PURS) lance un plaidoyer en faveur de l’avortement volontaire

Par Yannick A. KENNE | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 21-Oct-2020 - 12h03   2565                      
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Serge Espoir Matomba, leader du PURS W. Tchango
Le premier secrétaire national du Parti Uni pour la Rénovation Sociale estime que le droit à l’avortement doit prendre en compte l’avis de la mère, et qu’en le dépénalisant, cela éviterait de nombreux décès de femmes.

L’homme politique Serge Espoir Matomba, candidat à l’élection présidentielle du 7 octobre 2018, vient de jeter un pavé dans la mare, avec le débat sur la dépénalisation de l’interruption volontaire de la grossesse. Autrement dit, le premier secrétaire national du Parti Uni pour la Rénovation Sociale (PURS) est favorable à l’avortement volontaire, et plaide pour qu’il soit désormais codifié par la législation camerounaise.

Dans une chronique ce mercredi 21 octobre 2020, l’homme politique se pose en féministe et défenseur de cette cause encore taboue dans les mœurs camerounaises. Matomba estime que la loi sur l’avortement au Cameroun doit dorénavant tenir compte de l’avis de la femme, et ne plus s’appliquer aux seules exceptions prévues par la ladite loi à savoir, en cas de viol ou d’inceste, et lorsque le pronostic vital de la mère est fortement engagé.

«La réforme de la loi que je mets en débat viserait à élargir le droit à l’avortement en prenant en compte la volonté de la femme. Elle doit pouvoir choisir, dans les toutes premières semaines de sa grossesse d’aller à terme ou pas. Si c’est son choix, mûrement réfléchi, la loi doit lui permettre de le faire en toute sécurité. Dépénaliser l’interruption volontaire de grossesse, au tout début de la gestation, permettra un vrai accompagnement médical», suggère-t-il.

Ce haut cadre du PURS pense aussi qu’en légiférant sur l’avortement volontaire, de nombreuses vies humaines pourraient être préservées.

 

Voici la chronique intégrale de Serge Espoir Matomba :

Interruption volontaire de Grossesse : Poser le débat

Décider pour une jeune fille, une femme de mettre un terme à une grossesse est un choix douloureux et lourd de conséquences à la fois physiques et morales.

Pour une société, aborder sereinement ce débat est une nécessité. Il est vrai que nous touchons là à des considérations éthiques, religieuses, à la liberté individuelle de disposer de son corps et à la nécessaire protection que doit la nation à tous ses enfants.

Mon propos n’est pas de banaliser cet acte mais justement de chercher à mieux l’encadrer afin de ne pas rajouter des drames aux drames.

Au Cameroun la loi pénalise l’avortement à part deux cas explicitement prévus :

  • lorsque l’avortement est justifié par la nécessité de sauver la mère d’un péril grave pour sa santé
  • lorsque la grossesse résulte d’un viol ou d’inceste.

Malgré les interdits nous savons tous que se pratiquent tous les jours au Cameroun des avortements clandestins, mettant en danger la vie des femmes et enrichissant trop souvent de pseudo praticiens, sans qualification ni scrupules. Nous enregistrons également des taux record d’abandons de nouveaux nés, suite à des grossesses non désirées.

La réforme de la loi que je mets en débat viserait à élargir le droit à l’avortement en prenant en compte la volonté de la femme. Elle doit pouvoir choisir, dans les toutes premières semaines de sa grossesse d’aller à terme ou pas.

Si c’est son choix, mûrement réfléchi, la loi doit lui permettre de le faire en toute sécurité.

Dépénaliser l’interruption volontaire de grossesse, au tout début de la gestation, permettra un vrai accompagnement médical.

Cela évitera le décès de nombreuses femmes, qui souvent désespérées avortent dans l’ombre, avec des conditions sanitaires déplorables. D’autres contractent des infections graves pouvant déboucher sur une stérilité définitive, les privant demain de grossesses désirées.

Naturellement, une extension du droit à l’avortement devra s’accompagner d’une meilleure information des jeunes filles, sur la sexualité et être complétée par un large accès aux différents modes de contraception.

A ce propos si l’usage du préservatif doit être encouragé car il protège des maladies sexuellement transmissibles, il faut aussi favoriser l’accès à la contraception féminine car la femme ne peut pas dépendre, que de la seule bonne volonté de l’homme. D’autant que certains, n’assument pas la grossesse qu’ils ont causée.

Au travers de ce questionnement que je pose en faveur d’une évolution de la loi sur l’interruption volontaire de grossesse, n’en déplaise à ceux qui refusent de débattre de cette question, il ne s’agit pas de « pousser aux crimes » mais au contraires de redonner l’espoir et le choix à des millions de femmes et de couples de notre pays.

C'est un hymne à la vie et au bonheur !

Ouvrons ce débat délicat sans tabou, ni a priori dans l’écoute et le respect mutuel !

 

 

 

Auteur:
Yannick A. KENNE
 @yanickken39
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