Cameroun – Maurice Kamto: «Individuellement, les camerounais ne sont pas tribalistes ! Il y a en revanche une petite élite politico-universitaire qui instille le poison de la haine dans les veines de notre pays»

Par Adeline ATANGANA | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 09-Dec-2019 - 13h08   8429                      
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L'opposant camerounais Maurice Kamto le 14 août 2019 à Yaoundé AFP/Archives/Reinnier KAZE
Peu avant l'entame de son séjour professionnel en France, Maurice Kamto, le président du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) a commenté l’actualité sociopolitique de son pays dans un entretien accordé au journal Jeune Afrique

ELECAM, l’organe en charge de l’organisation des élections au Cameroun, dévoile demain lundi 09 décembre 2019, la liste des candidatures validées pour les élections législatives et municipales du 09 février 2020.

Mais, avant ce rendez-vous très attendus, le MRC, l’un des partis favoris, s’est déclaré non partant depuis environ deux semaines. Une décision inattendue de la direction du MRC qui a suscité débat et contestation au sein même de cette formation politique de l’opposition.

Au sujet de ce boycott retentissant, Maurice Kamto, le leader du MRC, a été invité à s’expliquer de nouveau par Jeune Afrique dans une interview diffusée dans l’édition numérique ce dimanche 08 décembre 2019, réservée aux abonnés du journal panafricain. Il a fait savoir que l’enlisement de la crise anglophone et le refus par le régime de Yaoundé de reformer le code électoral, sont les raisons de la décision prise par le conseil national du MRC de boycotter les prochaines élections.

Maurice Kamto a aussi donné son avis sur la réaction de mécontentement de certaines cadres de son parti. «On ne crée pas un parti pour permettre à quelques camarades d'avoir une expérience. On le fait pour atteindre des objectifs d'intérêt national. Je m'explique : si nous étions allés aux élections, nous aurions très probablement gagné des sièges supplémentaires, comme je vous l'ai dit. Nous serions entrés dans l'establishment politique et nous participerions au jeu institutionnel. Mais nous ne pourrions plus critiquer le code électoral, et nous aurions perdu de vue tous les objectifs pour lesquels notre parti a été créé, et cela pour l'intérêt de quelques-uns. Je suis convaincu que les camarades comprendront que leurs carrières politiques ne sont pas compromises ».

Parlant spécialement de la crise sociopolitique et sécuritaire dans les Régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, Maurice Kamto pense que le retour à la paix passera pas la libération du leaders sécessionniste Sisiku Ayuk Tabe et l’organisation d’un dialogue avec les grandes figures de la sécession.

Sans détour, il a dit son opposition pour l’indépendance des Régions anglophones, et sa disponibilité à discuter avec Paul Biya sur un projet de nouvelle République.

Sur la question du discours tribal qui prend des proportions inquiétantes au Cameroun depuis la dernière élection présidentielle d’octobre 2018, Maurice Kamto, réfute un risque de conflit interethnique. « Individuellement, les Camerounais ne sont pas tribalistes ! Il y a en revanche une petite élite politico-universitaire qui instille le poison de la haine dans les veines de notre pays. Mais ces gens-là n'ont rien de concret à proposer, et leur projet est voué à l'échec » affirme le candidat arrivé deuxième à l’issue de la présidentielle 2018 derrière l’inamovible Paul Biya.

 

Auteur:
Adeline ATANGANA
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