60 ans après les indépendances, les avenues, les rues et ruelles camerounaises, continuent d’être écumées par des monuments coloniaux, symbolisant les stigmates de la colonisation. Ces monuments et statues tendent à ne valoriser qu’un pan de l’histoire de la civilisation de notre pays, celle écrite par les impérialistes, occultant à dessein la contribution des héros nationaux, qui ont également lutté pour la même cause.
Les nôtres ne sont pas valorisés au même titre que ces symboles érigés par les colons, alors que la problématique n’a de cesse d’être posée par l’opinion. Mais elle n’a jamais trouvé un écho favorable auprès des pouvoirs publics camerounais.
L’Historien, le Pr Daniel Abwa, trouve que le temps de valorisation unilatérale des symboles coloniaux est révolu, et qu’il faut désormais faire la part belle aux héros nationaux.
«Il faut que mon fils trouve des modèles. Quels sont les modèles que nous avons ? Nos rues sont débaptisées au nom de qui ? Mon grand souhait serait que je trouve une Rue Um Nyobe, une Rue Moumié qui serait une reconnaissance de ce que les Camerounais ont fait pour l’évolution du pays. Le seul qui a eu droit à droit à une statue est celui qui a collaboré avec les autorités allemandes et françaises. On voudrait nous dire que le seul moyen est de collaborer. La collaboration ne nous a amené nulle part. Nous subissons les effets de cette collaboration puisque nous continuons de penser qu’il faut qu’on nous apporte du lait pour nous développer etc. Tout cela participe de ce qu’on ne nous a pas enseigné notre véritable résistance. J’aimerais bien trouver le nom de mon aïeul quelque part. Ils méritent d’être connus et présentés comme modèles dans notre pays», déclare-t-il, dans un entretien dans le quotidien Le Jour de ce mercredi 1e juillet 2020.
Contrairement à certains compatriotes radicaux, qui pensent que le Cameroun devrait se débarrasser complètement des symboles coloniaux, voire les effacer, l’universitaire apparait modéré. «Il ne faut pas le débaptiser. C’est prendre l’histoire à rebours. Qu’on le veuille ou non ils ont colonisé notre pays. Il faut que nos enfants le sachent et ces monuments sont des témoignages de leur présence. On ne peut pas effacer une portion de l’histoire. A côté de ces monuments qui retracent la vision que les autres ont eu, les vainqueurs nous devons avoir notre histoire de vaincus, montrer quels sont ces vaincus victorieux, qui ont fait la force de notre histoire. Ils méritent également une place», martèle-t-il.