Cameroun - Municipales françaises 2020: Environ 300 camerounais d’origine élus dans les conseils municipaux.

Par Adeline ATANGANA | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 05-Jul-2020 - 14h16   22379                      
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Les élus d'origine camerounaise, Gertrude Ngo Kaldjop et Patrice Ondoua Facebook
« C’est le signe d’un engagement plus grand et plus actif dans la vie politique et citoyenne, d’une insertion durable et d’une évolution lente mais progressive des mentalités, admettant plus de diversité, luttant contre les discriminations et le racisme » a apprécié Abdelaziz Moundé Njimbam, membre très actif de la diaspora camerounaise en France.

Les élections municipales en France ont été presque bouclées ce samedi 04 juillet 2020 par la tenue des conseils municipaux d’installation des nouveaux Maires et leurs adjoints. L’on note l’élections d’un grand nombre de candidats d’origine camerounaise. Cameroon-info.net a sollicité certaines personnalités camerounaises pour connaitre leurs appréciations.

« Les élections de nos compatriotes en France constituent une terrible gifle doublée d'une humiliation infligée aux tenants de l'autochtone au Cameroun. Ceux-ci doivent désormais se regarder dans un miroir. Ils doivent se rendre à l'évidence que le monde est un village planétaire où seuls le mérite et la compétence devraient dicter l'action publique. Et non les particularismes moyenâgeux qui contribuent à ostraciser des valeurs intégrées. Les gouvernants gagneraient à supprimer les notions d'autochtones et d'allogènes contenues dans notre Constitution et dans certaines lois en vigueur. Ces deux termes nocifs pour notre vivre ensemble sont par ailleurs en totale contradiction avec le principe d'égalité des citoyens en droits et en devoirs qui est inscrit dans notre loi fondamentale. Si la France tenait compte de cette gangrène d'autochtonie, Anne Hidalgo ne serait jamais Maire de Paris. Nicolas Sarkozy n'aurait jamais été Président de la République française. Plus loin de l'hexagone, Barack Obama ne serait jamais président des États-Unis d'Amérique. En ce qui concerne les élections, seul le peuple a le dernier mot à travers le suffrage universel. On ne saurait par conséquent écarter des compatriotes sur la base des lois discriminatoires » a réagi  Jean Robert Waffo, ministre de la communication du Shadow cabinet du SDF

« Contrairement à la volonté du repli identitaire prônée en Afrique et singulièrement au Cameroun, nous pouvons constater avec joie, qu'ailleurs nos compatriotes sont promus et élus sur la base de leur compétence. La notion d'autochtonie est renvoyée aux calendes grecques pour céder la place à la popularité positive et à l'efficacité...Hier encore au Cameroun, on a fait adopter une loi qui fixait comme critère de choix d'un Maire de ville, l'origine Régionale... Ce qui est en déphasage avec les objectifs de compétitivité politique. Je salue la percée de nos compatriotes à l'extérieur tout en encourageant les pays qui cassent les barrières de nationalité pour privilégier les meilleurs. Mon pays doit s'en expirer » a ajouté Parfait Mbvoum, cadre du parti SDF dans la Région du Centre.

« Ça démontre en général que ces camerounais s’intéressent à la gestion de la cité où qu’ils se trouvent si les conditions leur sont offertes » pense Norbert Kamgaing Lele, observateur très averti du landernau politique au Cameroun.

Depuis le Canada, l’écrivain De Gaulle Christophe de la diaspora camerounaise, pense que « nous devons nous en féliciter. Ils (les camerounais d’origine élus en France, ndlr) sont les postes avancés du combat pluridimensionnel que nous menons ».

Voici la réaction d’Abdelaziz Moundé Njimbam, membre très actif de la diaspora camerounaise en France qui a particulièrement suivi les élections en question.

« Oui, environ 300 français d’origine camerounaise sont élus dans les conseils municipaux depuis les dernières élections. Un nombre presque équivalent à celui de la précédente mandature mais avec une nouveauté, un nombre croissant de ces élus accède aux fonctions de maire-adjoint ou de conseiller municipal délégué. Malgré la défaite de quelques-uns de ceux qui occupaient ces fonctions dont Pierre de Gaëtan Njikam à Bordeaux ou Caroline Adomo à Champigny, le départ de Roger Tchato qui était maire plein à Beauné, de nouvelles figures émergent à l’image de Patrice Ondoua à Montrouge, Geneviève Kaldjob à Metz, et de façon plus marquée Arnaud Ngatcha à Paris aux côtés d’Anne Hidalgo. 

C’est le signe d’un engagement plus grand et plus actif dans la vie politique et citoyenne, d’une insertion durable et d’une évolution lente mais progressive des mentalités, admettant plus de diversité, luttant contre les discriminations et le racisme. 

La Maison des Camerounais de France-Centre Franco/Camerounais dont nous assurons la coordination, lors d’une rencontre avec l’association des élus d’origine camerounaise l’an dernier avait émis le vœu que cette évolution favorise un intérêt plus marqué de ces élus pour les questions liées au travail et au devoir de mémoire, à la coopération décentralisée et territoriale et à des relations débarrassées des oripeaux du passé entre la France et le Cameroun. 

Nous espérons qu’au cours de cette mandature ces préoccupations seront davantage prises en compte ».

Auteur:
Adeline ATANGANA
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