La fête de la Tabaski, prévue le vendredi 31 juillet 2020, connait des prolégomènes tendus dans le département du Noun, région de l’Ouest, 48 heures avant l’événement. Dans un contexte marqué par la pandémie de Coronavirus, deux personnalités de différentes chapelles politiques annoncent déjà les couleurs de l’atmosphère pesante qui pourrait prévaloir dans le département pendant les célébrations. Le Sultan Ibrahim Mbombo Njoya, Roi des Bamoun, et le Maire de Foumban, Patricia Toumaïno Ndam Njoya, affichent leurs divergences sur les sites de prière.
Le mardi 28 juillet 2020, l’autorité traditionnelle et non moins ponte du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC), a, dans un communiqué, indiqué que huit sites avaient été retenus, en concertation avec le Préfet, Donatien Boyomo, pour accueillir les fidèles musulmans. Ibrahim Mbombo Njoya précisait par ailleurs que le sermon et la prière ne devraient pas excéder 30 minutes, ce dans le strict respect des mesures barrières.
Le garant du pouvoir traditionnel du peuple Bamoun était loin de s’imaginer que ces directives lui seront contestées le lendemain par le maire de la ville. Dans un communiqué publié ce mercredi 29 juillet 2020, Patricia Ndam Njoya, par ailleurs présidente par intérim de l’Union Démocratique du Cameroun (UDC), conteste clairement ces restrictions de mouvements des fidèles, et leur signifie que « c’est leur droit de prier dans tous les sites traditionnels où ils ont l’habitude, et ailleurs où ils le souhaitent », écrit-elle, avant de préciser que la municipalité a fait aménager des sites accessibles sans aucune restriction aux fidèles, et dans le respect des mesures barrières.
« S’il est compréhensible de multiplier les sites de prière pour le respect des mesures de distanciation, par contre, il revient aux communautés fidèles organisées, à Foumban ou ailleurs, le choix du lieu le meilleur pour leur prestation idéale, et surtout sereine, ce jour si important », renchérit-elle.
Il va sans dire que cette situation transpire clairement des velléités politiques, marinées par cette querelle de leadership qui n’a jamais cessé d’exister entre les deux principales chapelles politiques du département, avec d’une part le Sultan, figure de proue du parti au pouvoir dans l’ensemble de la région de l’Ouest, et d’autre part le clan Ndam Njoya, dont le Noun demeure un bastion imprenable.