Cameroun - Opération Bamenda Clean: Le Barreau du Cameroun dénonce les abus des Forces de Maintien de l’Ordre sur les populations

Par Béatrice KAZE | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 28-Sep-2020 - 07h05   2070                      
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Des soldats camerounais dans une rue de Bamenda, capitale de la région camerounaise anglophone du Nord-Ouest le 17 nove AFP/Archives/STRINGER
Me Mbah Eric Mbah, représentant du bâtonnier dans la région du Nord-Ouest, et Me Akum Michael Nche, membre du conseil de l'Ordre des avocats du Cameroun et trésorier national du Barreau, ont adressé le 18 septembre 2020, une correspondance au procureur général près la Cour d'Appel du Nord-Ouest.

L’opération «Bamenda Clean» est en cours dans la capitale régionale du Nord-Ouest depuis le 7 septembre 2020. Cette opération a été lancée par l’armée après une série d’assassinats de civils et des éléments des forces de défense et de sécurité par des présumés séparatistes. Mais aussi des vols, pillages, braquages de banques et magasins.

Seulement, moins de deux semaines après le lancement de l’opération, des membres du Barreau du Cameroun expriment leurs inquiétudes. Dans une correspondance adressée le 18 septembre 2020 au procureur général près la Cour d’Appel du Nord-Ouest, Me Mbah Eric Mbah, représentant du bâtonnier de l'Ordre des avocats dans la région du Nord-Ouest, et Me Akum Michael Nche, membre du conseil de l'Ordre des avocats du Cameroun et trésorier national du Barreau, dénoncent les abus des Forces de Maintien de l’Ordre sur les populations, rapporte le quotidien Le Messager dans son édition du 28 septembre 2020.

«L'opération Bamenda clean sur le terrain est largement caractérisée par des intimidations, extorsions, agressions et tortures, arrestations illégales et détentions dans des endroits secrets. Absence de communication entre les détenus et les membres de leur famille ainsi que leurs avocats. Et généralement ils sont libérés contre le paiement des sommes astronomiques…Nous recherchons leur protection», écrivent-ils.

D’après les deux signataires du document, la perpétuation de ces exactions par certains éléments des forces de défense et de sécurité porte une atteinte grave au respect et à la protection des droits de l'homme. Ils décrivent un système d’extorsion qui a été déployé au cours de cette opération. «Des cas de perquisitions forcées (sans mandat ni déclaration de l'État d'urgence) dans les maisons avec intimidations des habitants sont enregistrées, et leur peur est exploitée pour des gains financiers», peut-on lire.

Si les objectifs de l’opération Bamenda Clean sont nobles, pour les avocats au Barreau du Cameroun, «ces excès des forces de défense et de sécurité ne peuvent qu'aider à booster l'esprit de désobéissance civile qui nourrit le radicalisme et partant sous-estime les efforts qui sont faits par le gouvernement et autres partenaires pour le retour et la prévalence de la justice et la paix dans la région». D'où la saisine du procureur général près la cour d'Appel du Nord-Ouest afin qu'il «veille à ce que la population civile soit protégée et la règle de la loi respectée», soutiennent-ils.

 

 

Auteur:
Béatrice KAZE
 @T_B_A
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