Cameroun - Opinion/Mgr Victor Tonye Bakot, à propos du célibat des prêtres: «Le prêtre a choisi Dieu. Que son choix soit bref, définitif et responsable»

Par Otric NGON | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 28-Aug-2017 - 12h33   10511                      
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Mgr Victor Tonye Bakot Archives
L’Archevêque émérite de l’Archidiocèse de Yaoundé, qui a démissionné en 2013, s’exprime dans les colonnes de l’Anecdote en kiosque ce lundi 28 août 2017. Sur la question du célibat des prêtres, il estime que «si nous ne sommes pas capables de choisir Dieu, retirons-nous et ne causons pas des scandales des faibles».

Sa position sur le célibat des prêtres

Si nous n’avons pas encore compris que la mission du prêtre ou la vocation du prêtre, c’est Dieu ou rien, c’est que nous sommes les hommes les plus malheureux. Les chrétiens les plus malheureux parce que nous ne savons pas ce que nous choisissons. Le prêtre a choisi Dieu. Que son choix soit bref, définitif et responsable. Et c’est ce que j’appelle, comme l’Apôtre Paul le disait: «Pour moi, vivre c’est le Christ et je n’ai rien d’autre à gagner dans le monde, une fois que j’ai choisi le Christ».

Je suis devenu prêtre en 1973. Et si on me demandait encore aujourd’hui ce que j’aimerais faire, je lèverai le doigt pour dire, je veux aller au séminaire pour devenir prêtre. Pour moi c’est l’une des plus belles vocations. J’ai fait ce choix et je reste fermement attaché à mon sacerdoce. Le jeune homme qui devient prêtre sait qu’il a fait un choix: le choix du célibat et de  la chasteté pour vivre en communion avec le Christ parce qu’il a consacré sa vie pour servir le Christ dans son église.

C’est un choix qu’on ne remet pas en question au risque de se renier soit même. Ou on est prêtre ou on ne l’est pas. Si on est prêtre, il faut respecter les engagements qu’on a pris quand on devenait prêtre. Et quand on devient prêtre, on sait qu’on ne doit pas se  marier et avoir des enfants. La vie du prêtre, c’est une vie rangée: c’est-à-dire que notre vie est la vie du Christ. Le prêtre n’a pas d’autre vie que celle d’être prêtre, prophète et roi. Prêtre pour annoncer Jésus Christ, prophète pour dire la vérité et roi pour gouverner la communauté que le seigneur lui a confiée comme Curé de Paroisse, comme responsable d’un ministère.

Sur la possibilité de se marier et être prêtre au même moment

On ne réinvente pas le sacerdoce, quel que soit le siècle ou l’âge. Il est là, il faut le vivre. Et si on ne peut pas le vivre, on se retire. Il y a des prêtres qui ont choisi de quitter le ministère sacerdotal pour devenir des laïques. Voilà un choix responsable. Si vous ne pouvez pas, renoncez, mais ne choisissez pas deux choses à la fois: et le sacerdoce et le mariage. Les deux ne vont pas ensemble. Jusqu’à présent, c’est comme cela. Cette discipline pourrait peut-être changer un jour, mais pour le moment c’est celle-là.

Je ne dis pas qu’en le disant, on ne rencontre pas des difficultés dans le choix du sacerdoce. Mais qui vous dit que le choix du mariage est plus simple que celui du sacerdoce ? Chaque vocation a des exigences, ses sacrifices. Le sacerdoce a sa croix, le mariage a la sienne. Alors quand vous voulez mélanger les deux croix. Déjà porter une, ce n’est pas évident. En porter deux, ça devient une gageure.

Pour ma part si j’avais un conseil à donner à mes cadets ou à mes confrères prêtres, je dirais simplement: «ou Dieu ou rien». Si nous ne sommes pas capables de choisir Dieu, retirons-nous et ne causons pas des scandales des faibles. Le prêtre c’est un homme détaché, engagé, entièrement donné, un homme rangé, qui a choisi d’être le leader, le guide, le conseiller, le modèle.

Pour les chrétiens, le prêtre c’est l’homme parfait, c’est le saint, c’est lui qu’on regarde, c’est lui qui marche devant, c’est lui qu’on suit. C’est lui qui tient son peuple et le conduit comme Moïse, marchant devant et montrant le chemin qui conduit à Dieu. Est-ce qu’on est déjà capable de porter la croix de prêtre pour aller porter celle du mariage ?Est-ce que ce n’est pas simplement une certaine folie de prétendre porter deux croix, alors qu’on n’est pas capable d’en porter une ? Je terminerais en disant que Saint Paul a dit: «ma grâce me suffit».

En conclusion, je voudrais affirmer ce que j’écrivais dans mon livre: «La beauté du sacerdoce», rien ne vaut plus que de donner soi-même à Dieu et à l’Église. Pour ma part, je souhaite que le prêtre devienne la joie des autres pour conduire à Dieu. Et ce sera la voie étroite qui conduit à la sainteté, la sainteté du peuple et la sainteté du prêtre.

Sur la suspension de l'Abbé Léon Magloire Foé

Je suis persuadé que Mgr Sosthène Léopold Bayemi qui a sanctionné un prêtre de son diocèse souffre beaucoup pour son prêtre et avec son prêtre. Pour n’avoir pas compris et vécu cette beauté du sacerdoce qui est le don le plus grand que Dieu ait donné aux hommes.

Auteur:
Otric NGON
 @OtricNgonCIN
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