Cameroun - Patrice Nganang: «j’ai vécu la torture dans un bureau de la police à Yaoundé»

Par Pierre Arnaud NTCHAPDA | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 18-Jan-2018 - 06h04   12885                      
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Patrice Nganang Patrice Nganang
L’écrivain a raconté par le menu détail sa mésaventure de décembre 2017 à Jacky Moiffo, le promoteur de la télévision en ligne JMTV+.

« Le bœuf bourguignon », programme de JMTV+, la télévision en ligne lancée  par le  journaliste camerounais  Jacky Moiffo recevait le 13 janvier 2018 Patrice Nganang, l’écrivain camerounais arrêté à Douala et emprisonné à Yaoundé courant décembre 2017 avant d’être expulsé vers les Etats-Unis peu avant la fin de l’année. Dans les locaux parisiens de JMTV+, l’enseignant de la Stony Brook university a raconté par le menu détail sa mésaventure au bercail.

Nganang explique que depuis deux ans, il avait recommencé à  privilégier lors de ses séjours au Cameroun  la compagnie dit des activistes locaux pour son « auto-protection ».  Il explique que ce sont eux qui ont lancé l’alerte quand il a  été arrêté à Douala. Qu’il a pris le soin de cacher le  manuscrit de son prochain livre sur sa page Facebook, qu’il a été menotté au moment de son expulsion. Nganang parle d’un traitement présidentiel et raconte des moments de son passage dans les locaux de la direction de la police judiciaire à Yaoundé. Morceaux choisis :  

« (…) Il ouvre donc le sac et se rend compte que j’avais un passeport américain dans ce sac. Vous savez je crois qu’on leur donne des primes pour découverte des choses nouvelles (…) Je n’ai jamais vu quelqu’un d’aussi heureux ! Il montait les escaliers en courant : « patron !!!  J’ai un nouvel élément (éclats de rire). Il porte mon sac, il voulait même le vider, se calme encore : « voici ce que j’ai trouvé dans le sac » .Il y avait quelques paperasses, des adresses, etc »

« Lors de ma première nuit dans ce bureau, in policier est venu parce que les policiers qui font le torture dans ce bureau le font là. Je ne l’ai pas subie mais j’ai vécu la torture. J’ai vu la balançoire. Un jeune suspecté de vol de motos. C’est ce qui arrive là-bas en général, donc l’escroquerie de 50 000 ou 20 000 Francs CFA. On tourne le jeune. Comme par hasard, j’avais pris quelques pages du nouveau code pénal qui était dans le bureau d’un de ces officiers. J’avais pris quand même pour lire et voir un peu plus que ce que je savais. Je montre ça à ce tortionnaire, je lui dis : « vous êtes en train de faire de la torture-là. Il dit : « mais est-ce que je fais de la torture ? Moi je ne torture pas les gens ! Il dit : « est-ce que je fais la torture ? Je ne torture pas les gens ! » Je lui dis : mais le monsieur est là dans la balançoire comme ça ! Qu’est-ce que c’est si ce n’est la torture ? » Il dit : professeur, vous ce que vous dites à la télé-là n’a pas de sens ! Il dit au jeune : « est-ce que je te torture ? » réponse de celui-ci : « non, non » (éclats de rire). Il me regarde : « je l’ai pas torturé, c’est lui qui le dis ». L’affaire est close », termine Nganang.              

Regardez la deuxième partie de l’interview accordée par Patrice Nganang à JMTV+ ici:

 

Auteur:
Pierre Arnaud NTCHAPDA
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