Cameroun - Paul Ayah Abine: «Ma vie est entre les mains du ministre de la Justice, de la présidence de la République, du député IGELLE Elias et leurs complices»

Par Otric NGON | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 13-Jul-2017 - 17h42   10875                      
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Paul Ayah Abine, Avocat général près la Cour suprême PAA
Ecroué dans une cellule du Secrétariat d’État à la Défense à Yaoundé, l’homme politique et ancien magistrat Paul Ayah Abine parle des origines de sa détention.

Ce 13 juillet, le magistrat à la retraite Paul Ayah Abine, passe son 143ème jour de détention à la prison secondaire du Secrétariat d’État à la défense (Sed). Il vient de rédiger une autre missive. Une énième lettre après celle du mois d’avril dans laquelle il parlait de sa détention.

L'intégralité de la lettre:

«Cette histoire je l’ai gardée pour moi et ma famille pendant longtemps, mais je pense qu’il est temps de la raconte aux Camerounais et au monde entier pour que nulle n’ignore l’identité et l’intention initiale de mes comploteurs.

L’honorable Igelle Elias est derrière un ensemble de machinations commanditées par un cabinet noir (qui a pour but de m’éliminer) qui ont pour chef le ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Laurent Esso. L’honorable Igelle Elias qui m’a succédé comme député d’Akwaya (après notre victoire vole lors des élections municipales et législatives de l’an 2013 avec l’aide de son parrain le feu Agbor Tabi) ne m’a jamais appelé après son ‘élection’, pas une seule fois – ni moi ni aucun membre de ma famille.

Bizarrement, il a appelé ma femme le 19 janvier dernier (le jour même où des hommes non identifiés sont venus corrompre au moins un individu au siège de la Cour suprême pour qu’ils viennent leur montrer ma maison dans le but que vous pouvez tous imaginer) pour savoir si les gendarmes m’avaient déjà relâché, recommandant à ma femme de l’informer si jamais j’étais remis en liberté. Heureux de savoir que ma femme est à Buéa et que j’étais seul dans notre résidence de Yaoundé, il a naturellement informé ses complices que le moment était propice pour dérouler leur plan. Il est également important de noter que ces conspirateurs sont également certains hauts cadres de l’administration camerounaise qui sont actuellement en service et aussi de la présidence de la République et surtout l’actuel ministre de la Justice. Les noms et les différents rôles de ces responsables sont jalousement gardés pour l’instant. Comme dans la mafia on n’est jamais sûre de rien, un autre haut place à son tour a espionné un membre de ma famille (par téléphone) pour s’assurer qu’effectivement j‘étais seul chez nous pour bien mener leur complot dans une discrétion absolue.

Alors que mon élimination physique bien programme était juste question de temps, mon épouse par intuition divine a quitté pour Yaoundé très tôt ce fameux 21 janvier 2017 et mon fils par la suite. Quand mes kidnappeurs sont venus ce samedi noir pour m’enlever, leur plan a été mis à mal par leur présence. Quelle catastrophe! Leur surprise était très visible. Le plan A ayant échoué, il ne leur restait plus que la prison pour finir le travail. Il fallait maintenant rapidement passe au plan d’urgence, le plan – B. Il n’était plus question de m’amener au Tribunal Militaire comme ils on indique à ma famille au moment de mon enlèvement (un tribunal militaire qui selon eux est opérationnel un samedi a environs 18 h), mais plutôt direction le SED en plein chemin pour ledit tribunal.

Le Plan – B constituait à préparer une cellule spéciale pour moi afin d’achever le plan initial. Mais grâce à Dieu, je n’ai jusqu’ici qu’une très mauvaise condition cardiaque, une baisse de mon acuité visuelle … un mauvais état de santé en général, tout ceci, conséquences d’une seule nuit dans une cellule ‘VIP’. Le gouvernement par la suite a choisi d’étouffer mon affaire pour leur permettre de m’éliminer en toute sérénité. Mais grâce aux réseaux sociaux, le monde entier est au courant du fait que je suis prisonnier ici, sans la moindre inculpation depuis plus de 170 jours, le temps de peut-être crée les preuves contre moi, dans un pays en état dit de droit. J’ai été traité de tous les noms sans qu’il y ait la moindre preuve pour justifier ce coût d’état politique. L’état a récemment opté pour des stratégies ‘soft’ et indirectes à mon endroit.

Mon cardiologue privé par exemple a insisté depuis le moment où j’ai contracté ces problèmes cardiaques pour que j’ai toujours à ma disposition un téléphone pour pouvoir alerter soit ma famille ou elle-même an cas de crise. Le docteur militaire a fait la même recommandation, mais pour arriver au bout de leur plan initial, mes comploteurs s’opposent systématiquement à cela. Dieu seul sait ce qui m’aurait arrivé si jamais la crise que j’ai eue jeudi passe s’est arrivé en pleine nuit, dans ma cellule avec l’impossibilité de sonne l’alarme pour que les gens me viennent en secoure.

Et même dans l’état critique dans lequel je me trouvais à l’hôpital après avoir passé des heures dans la salle d’urgence avec les armes braquées sur moi, l’ordre est venu de dieu tout puissant pour qu’aucun membre de ma famille ne dispose d’un téléphone à mes côtés pour pouvoir alerte la famille en cas d’urgence surtout parce que plusieurs médicaments d’extrême urgence n’étaient pas vendus à l’hôpital. Ma famille était donc obligée de faire le tour de la ville, parfois à minuit et à minuit passé pour chercher certains médicaments d’urgence, quelque chose qui aurait pu être facile avec un moyen de communication à nos côtés. ‘Ah! Tant mieux s’il meurt même; c’est un anglofou!’ Pouvait-on entendre.

À mon âge, 67 ans, je n’ai pas une toilette interne dans ma cellule ni l’accès directe aux toilettes de 22h à 6 h du matin. De telles sortes que je suis obligé de toquer la porte pour que, si jamais quelqu’un est à côté et me suis, la porte peut être ouverte pour que j’aille aux toilettes. Et ces impétueux efforts pour me retenir font que je me libère souvent sur moi avant que la porte me soit ouverte pour que j’aille compléter le travail biologique aux toilettes. Mon fils et ma femme ce sont subitement transforme en ménagère pour laver mes sous-vêtements au quotidien comme si j’étais un paralyse sur un lit d’hôpital faisant ses besoins sur lui. Tout ceci m’arrive sans que je comprenne pourquoi je suis ici, l’acte que j’ai posé qui a heurté la loi, de quoi exactement on m’accuse…..

Pensez-vous que l’état, via leurs agents qui m’assassinent lentement et surement, peut se dépêcher de m’emmener à l’hôpital si jamais ma vie était menacée comme c’était le cas le jeudi 29 juin 2017 – cette vie qui est devenue leur jouet? NON’ NON ET ENCORE NON! Je pense dans le plus profond de moi que l’intention de l’état est de ne pas me laisse mourir dans ma cellule de peur de la réaction des Camerounais et surtout des anglophones qui me soutiennent beaucoup tout en sachant que je n’ai commis aucun crime et que tout ceci m’arrive dû à l’échec du plan A. C’est une hypocrisie très palpable et l’hypocrisie est, selon moi, l’un des péchés capitaux.

C’est la raison pour laquelle pendant un bon moment le jour de cette crise mystique dont j’ai été victime, j’ai résisté d’aller à l’hôpital en absence de mon cardiologue prive et des membres de ma famille. Il fallait l’intervention du premier par téléphone et surtout de mon fils pour que je change d’avis. En tout cas – la douleur est terrestre et la mort c’est la mort!

Aller dire à tous les Camerounais et au monde entier – ma vie est entre les mains de la présidence de la République et surtout de Laurent Esso (qui peine à dire aux Camerounais ce qu’il a contre moi), le député Igelle Elias et leurs complices. Mais dire leur aussi que mon Dieu est grand, puissant et magnifique et qu’il ne m’abandonnera jamais. Je lui rends grâce».

Auteur:
Otric NGON
 @OtricNgonCIN
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