Cameroun - Père Ludovic Lado sur la crise anglophone: «Si les axes principaux sont relativement sécurisés par l’armée, les périphéries sont entre les mains des groupes Ambazoniens. Ce sont eux qui font la loi»

Par Pierre Arnaud NTCHAPDA | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 06-Jul-2020 - 14h18   4790                      
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Père Ludovic Lado Archives
Revenu d’un voyage dans la région du Sud-Ouest, le prêtre jésuite, grand pourfendeur du régime de Yaoundé, a livré ses impressions de voyage au cours de l’interview qu’il a accordée à ABK Radio ce 6 Juillet 2020.

Le père Ludovic Lado revient de la zone anglophone. Le prêtre jésuite, connu pour ses critiques acerbes contre le régime Biya, a livré ses impressions de voyage ce lundi matin (6 juillet 2020) sur ABK Radio, baséeà Douala. Evoquant le Sud-Ouest où il s’est rendu, le directeur général du Centre d’études et de formation pour le développement (basé à Ndjamena, au Tchad) a présenté une situation sur le terrain chaotique. Une zone où la République du Cameroun n’a plus beaucoup d’autorité.

«Le constat que je fais, c’est que cette zone comme toutes les zones anglophones minées par cette crise n’est plus entièrement bien évidemment sous le contrôle de l’Etat. Si les axes principaux qui sont jonchés de détachements de l’armée, sont relativement sécurisés ou «safe» pour parler en anglais, les périphéries sont entre les mains des groupes Ambazoniens. Ce sont eux qui font la loi dans ces régions-là», a raconté le religieux.

Ludovic Lado décrit des populations otages des belligérants, l’armée camerounaise et les groupes armés séparatistes. Il rapporte que «leur vie quotidienne est perturbée par les bagarres entre les deux parties». Suffisant pour que l’homme de Dieu en appelle à une résolution pacifique du conflit. «C’est pour cela que je plaide, comme nous l’avons toujours fait, pour que cette crise soit résolue par le dialogue», dit-il.  

Il salue l’initiative de la rencontre annoncée la semaine passée entre des dirigeants camerounais et séparatistes. «Je me réjouis d’apprendre ces jours-ci qu’il y a des contacts qui ont eu lieu entre le gouvernement et les leaders Ambazoniens. J’espère qu’on va poursuivre dans cette lancée pour libérer cette partie du peuple camerounais. Je prie pour cela. Je crois que tout le Cameroun le souhaite», réagit l’anthropologue. Il croit que la paix ne sera pas procurée uniquement par le dialogue tant souhaité. «Cela passe ou passera non seulement par le dialogue mais par des réformes. On n’a pas le choix. Il faut qu’on se parle», réclame le co-auteur du livre «comment prendre une bonne décision».     

 

Auteur:
Pierre Arnaud NTCHAPDA
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