Cameroun - Polémique: Accusé par Jules Omer Tchuenkam (détenu pendant 10 ans sans jugement) de récupération politique, le ministre Jean De Dieu Momo traite ce dernier d'ingrat

Par Fred BIHINA | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 23-Apr-2019 - 08h15   8111                      
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Jean De Dieu Momo et Jules Omer Thuenkam J D D Momo
Le ministre délégué auprès du ministre de la Justice et l’homme d’affaires, détenu pendant 10 ans sans jugement, s’accusent mutuellement à travers les réseaux sociaux.

Dans cette polémique, difficile de savoir qui dit la vérité. Le ministre délégué auprès du ministre de la Justice (MINDEL-Justice), Jean De Dieu Momo, dit avoir joué un rôle prépondérant dans la libération de Jules Omer Tchuenkam. L’homme d’affaires qui a passé dix années derrière les barreaux à Kondengui, sans jugement, parle de récupération politique. Ce à quoi le membre du gouvernement répond en traitant son interlocuteur d’ingrat.

Tout est parti d’une publication du collaborateur du ministre de la Justice, Laurent Esso. M. Momo a publié deux photos de lui et J.O Tchuenkam le 20 avril 2019 sur sa page Facebook. Des clichés accompagnés d’un commentaire dans lequel le président du PADDEC (Patriotes Démocrates pour le Développement du Cameroun) se félicitait de son rôle dans la libération de l’homme d’affaires. «Je demeure l’Avocat des droits de l’homme et poursuis ma mission sans crainte ni faveur au niveau du ministère. Merci à Cyrille Bojiko d’avoir porté le cas de monsieur Tchuenkam Jules à ma connaissance», a écrit le membre du gouvernement.

Une sortie qui a provoqué la colère de M. Tchuenkam. Dans la foulée, il a publié une mise au point sur les réseaux sociaux. «J'ai lu avec surprise la sortie du ministre délégué à la Justice, Jean de Dieu Momo…Je ne peux pas accepter cela de cette manière… S'agissant des propos de monsieur le ministre et surtout des photos qui l'accompagnent, j'aurais aimé que par honnêteté intellectuelle, monsieur le ministre situe bien le contexte», fustige-t-il.

Il explique s’être rendu au bureau du MINDEL-Justice le 17 avril 2019, à l’invitation de ce dernier. «Au sortir de son bureau, le ministre me remettra une enveloppe de 50 000 FCFA en me disant qu'il s'agissait juste d'une aide pour que je prenne un taxi. Il me dit que ses portes me sont grandement ouvertes et que je peux y aller quand je le veux», dit-il.

Tchuenkam sera désagréablement surpris trois jours plus tard. «Malheureusement, dans la nuit de samedi à dimanche, alors que je suis auprès de ma mère très malade en ce moment à Akonolinga, je reçois des photos et des captures d'écran du ministre délégué disant qu'il est le principal artisan de ma libération. Très choqué par cela, j'ai voulu faire ces précisions afin de remettre les photos publiées dans leur contexte tout en réitérant tous mes remerciements à tous les Camerounais d'ici et d'ailleurs qui m'ont soutenu et qui continuent à m'apporter leur soutien. J'ai bien peur que la récupération politique que craignait David Eboutou (militant des droits de l’Homme qui a porté l’affaire sur la place publique) en soit le cas aujourd'hui avec cette publication qui semble bien calculée. Cela m'attriste énormément», se désole-t-il.

En réaction, Me Momo traite son interlocuteur d’ingrat. «Merci M. Tchuenkam Jules Omer de clarifier le rôle du ministère que l’on voulait garder dans l’ombre. Tu oublies toutefois de préciser qu’en prison tu étais informé "minute by minute" de mon intervention, afin que tu sois jugé dans les meilleurs délais et sans retard excessif. Et il est clair que monsieur Eboutou était au courant de mon intervention. C’est bien mon rôle… Vous faites preuve de beaucoup d’ingratitude en considérant que la somme de cinquante mille que je vous ai donnée par compassion ainsi que les nombreux conseils que je vous ai prodigués ne valent rien», dénonce à son tour le ministre.

Fred BIHINA

Auteur:
Fred BIHINA
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