Cameroun - Polémique: Un journal affirme que des ressortissants Beti sont attaqués en raison de leur soutien à Paul Biya

Par Fred BIHINA | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 19-Nov-2018 - 12h50   15478                      
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La UNE "Essingan" - 19/11/2018 Essingan
La Une du bihebdomadaire Esssingan de ce lundi suscite de vives réactions d’indignation. Le directeur de publication du journal s’explique.

Certains y voient les jalons d’un génocide, d’autres n’hésitent pas à faire le lien avec le rôle joué par la presse dans le génocide rwandais en 1994. Presqu’unanimement, les confrères condamnent le titre paru à la Une du journal Essingan ce lundi matin.

« Réélection de Paul Biya : Assassinats et attaques ciblées contre des Beti » ! C’est le titre phare du bihebdomadaire ce début de semaine. Le journal indique au sommaire que « des journalistes, artistes et porte-parole de l’archevêque de Yaoundé victimes ». Un petit texte illustré par les photos de Ernest Obama, directeur général de Vision 4, l’artiste Avenir Ava décédé dimanche des suites d’une agression au fusil et l’Abbé Félix Désiré Amougou, porte-parole de l’archevêque de Yaoundé, Mgr Jean Mbarga.

A l’intérieur, l’auteur de l’article fait remarquer que de nombreuses personnalités ont été attaquées verbalement et physiquement ces dernières semaines. Parmi elles, des journalistes, artistes, et hommes d’église. Selon Essingan, elles ont toutes en commun d’être des ressortissants Beti et d’avoir soutenu d’une manière ou d’une autre, la candidature de Paul Biya à la dernière élection présidentielle. Le journal croit savoir qu’il ne s’agit pas seulement de montée en puissance de la grande criminalité, mais bien d’attaques ciblées. 

Tollé au sein de la presse. Ce choix éditorial suscite une vive polémique sur les réseaux sociaux, notamment dans les forums de journalistes. Certains en appellent aux sanctions du Conseil National de la Communication (CNC), sur ceux qu’ils considèrent comme une dérive tribaliste, extrêmement dangereuse.

Pour comprendre, Cameroon-info.net a contacté le directeur de publication d’Essingan. « Ce sont ceux qui lisent ce titre avec des lunettes de tribalistes qui le trouvent dangereux, ce titre », lance Marie Robert Eloundou. Le journaliste explique que « l'évocation de ces victimes en relevant leur appartenance à un même groupe ethnique est un fait, le journal, en travaillant dessus se positionne en lanceur d'alerte, en objecteur de ces dérives, dans un contexte qui foisonne de pyromanes et autres félons ».

Notre interlocuteur se montre d’ailleurs très surpris par les critiques qui accompagnent la parution de son journal. « Manifestement il y a des morts qui ne méritent pas d'êtres pleurés, des persécutions sur lesquelles on doit fermer les yeux, tant qu'ils proviennent d'un coin du Cameroun,  je dis non », tempête le confrère.

Fred BIHINA

Auteur:
Fred BIHINA
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