Cameroun - Politique: Analyse scientifique des forces en présence en vue des élections de 2018 au Cameroun

Par Adeline ATANGANA | Cameroon-Info.Net
DOUALA - 16-Jan-2017 - 11h15   49681                      
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Roland Felix Eyoum RFE
L’an 2018 au Cameroun sera une année électorale. La population sera sollicitée sur plusieurs fronts, parmi lesquels, l’élection présidentielle en principe.

Peut-on déjà envisager les formations politiques favorites ? On peut répondre par l’affirmative, car, sur la base d’une analyse scientifique bien fouillée publiée ci-dessous, Roland Felix Eyoum, l’analyste indépendant, ressort clairement les forces en présence.

ELECTIONS GENERALES DE 2018 AU CAMEROUN :

ANALYSE SCIENTIFIQUE DES FORCES EN PRESENCE.

Si le calendrier électoral n’est pas modifié par le Chef de l’état comme le lui confère la Constitution, les élections présidentielles, législatives et municipales auront lieu en 2018. En raison de la tenue de la Can Cameroun 2019, il est possible que l’élection présidentielle soit anticipée et qu’elle se tienne au courant de cette année 2017. Nul besoin de mentionner que le pays a besoin de stabilité, sérénité et efficacité pour relever les défis économiques, sportifs, culturels et même touristiques et financiers qui découleraient des CAN 2016 et 2019 dans le cas ou leurs organisations sont des grandes réussites.

Les leaders des partis politiques se déploient parfois sans tenir compte de leurs véritables forces sur le terrain. En notre qualité d’observateur très averti de la scène politique Camerounaise ayant l’avantage d’être non-aligné, c’est-à-dire n’ayant jamais appartenu à un parti politique, encore moins à une organisation de la société civile ou à quelque autre groupe de pression que ce soit, nous pouvons traiter de ce dossier avec toute l’indépendance, la lucidité et l’objectivité nécessaires, sans pressions aucune de qui que ce soit afin de présenter une analyse scientifique des forces telles que présentes de façon effectives sur le terrain.

L’objectif étant de permettre aux uns et aux autres, bien entendu s’ils le veulent bien de prendre la mesure du travail qu’ils doivent effectuer sur le terrain, afin soit de consolider leurs positions ou tout au moins de prendre des dispositions pratiques pouvant leur permettre de gagner du terrain vis-à-vis des autres forces en présence. Il s’agit également de tenter de mettre un terme aux plaintes faites à raison ou à tort contre ce qui est généralement appelé le système, mais qui ont le désavantage de portraire le Cameroun comme étant un pays ou la démocratie n’est qu’un leurre, ce qui à notre humble avis, n’est pas totalement vrai.

Le travail se faisant sur le terrain, la reconnaissance par les uns et les autres de leurs véritables forces aura également l’avantage de faire accepter les résultats des consultations électorales par tout le monde. Il suffit pour cela que la logique du terrain fût respectée. Cela devrait également permettre d’éviter des troubles susceptibles de naitre des contestations des résultats issus des élections. Il est clair que les partis ne sauraient par exemple se réclamer vainqueur dans des zones où elles n’ont aucune assise populaire. Ceci permettrait enfin de considérablement diminuer les fraudes régulièrement perpétrées par des élites impopulaires désireuses de s’accaparer indument des sièges au parlement et dans les conseils municipaux supposément sans l’accord de leurs hiérarchies.

1- GENERALITES :

Selon notre constitution, les partis politiques concourent à l’expression du suffrage universel. En d’autres termes, ce sont eux qui sont chargés de solliciter les suffrages des électeurs en proposant à ceux-ci leurs programmes politiques, économiques, sociaux et culturels. Sur cette base, le peuple fait son choix en son âme et conscience. Plus de deux cent partis politiques exercent légalement leurs activités au Cameroun. Seuls trois peuvent revendiquer la couverture de la totalité du territoire : Le Social Democratic Front (SDF), l’Union Nationale pour la Démocratie et le Progrès (UNDC) et le Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC).

L’Union des Population du Cameroun (UPC) divisée en de multiples groupuscules contrôle à peine trois départements : le Nyong et Kelle dans le Région du Centre, la Sanaga Maritime et le Nkam dans la Région du Littoral. Le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), l’un des nouveaux venus de la scène politique, ne revendique pas encore une quelconque zone d’influence. Pendant ce temps, l’Union Démocratique du Cameroun (UDC) n’a jamais pu réellement s’implanter au-delà de son fiel du Département du Noun. Au total, les seuls véritables maitres du jeu électoral au Cameroun demeurent le SDF, l’UNDP et le RDPC. C’est donc tout naturellement que nous nous limiterons à plancher sur leurs chances au vue de leur implantation réelle sur le terrain.

2- LES BASES OU LES FIEFS :

Dans tous les pays du monde, les partis politiques ont leurs fiefs ou encore les bases électorales sur lesquelles ils peuvent compter à tout moment. Le Cameroun ne fait pas exception à cette règle, ses trois principaux partis politiques non plus.

- Le RDPC a pour fief les régions du Centre, du Sud et de l’Est.

- LE SDF a pour sa part comme base les régions du Nord-Ouest, de l’Ouest, du Littoral et du Sud-ouest.

- L’UNDP compte les régions du Nord, de l’Extrême Nord et de l’Adamaoua comme fiefs.

3- IMPLANTATION DANS LES FIEFS DES AUTRES PARTIS :

De la capacité des partis politiques à glaner le maximum possible de points dans les fiefs naturels des autres partis, dépend leur aptitude à remporter les élections sur le plan national. Dans ce contexte-là, l’UNDP et le SDF ont tout le mal du monde à engranger des points dans les fiefs des deux autres partis, ce qui n’est pas le cas pour le RDPC qui bon an mal an, est pratiquement au coude à coude avec le SDF et l’UNDP dans leurs fiefs respectifs. Voici par conséquent ce qu’on observe en ce qui concerne l’occupation du terrain dans les fiefs des principales formations politiques :

FIEF DU SDF

Nord-Ouest : SDF 60 %, RDPC 30 %, AUTRES Y COMPRIS UNDP 10 %

OUEST : SDF 40 %, RDPC 40 %, AUTRES Y COMPRIS UNPD 20 %

LITTORAL : SDF 40 % RDPC 40 %. UNDP 10 %, AUTRES 10 %

SUD-OUEST : SDF 40 %, RDPC 40 %, UNDP 10 %, AUTRES 10 %.

FIEF DE L’UNDP

NORD : UNDP 60 %. RDPC 20 %, SDF 10 %, AUTRES 10 %

EXTREME NORD : UNDP 40 %, RDPC 40 % AUTRES Y COMPRIS SDF 20 %

ADAMAOUA: UNDP 50 %, RDPC 30 %, SDF 10 %, OTHERS 10 %

FIEF DU RDPC

CENTRE: RDPC 70 %, SDF 10 % UNDP 10 %, AUTRES 10 %

SUD : RDPC 90 % AUTRES Y COMPRIS SDF ET UNDP 10 %

EST : RDPC 80 %, UNDP 10 % AUTRES Y COMPRIS SDF 10 % 4- RECAPITULATION SUR LE PLAN NATIONAL

RDPC : 30 % + 40 % + 40 % + 40 % + 20 % + 40 % + 30 % + 70 % + 90 % + 80 % = 48 %

SDF : 60 % + 40 % + 40 % + 40 % + 10 % + (-) + 10 % + 10 % + (-) + (-) = 21 %

UNDP : (-) % + (-) + 10 % + 10 % + 60 % + 40 % + 50 % + 10 % + (-) + 10 %= 19 %

AUTRES : 10 % + 20 % + 10 % + 10 % + 10 % + 20 % + 10 % + 10 % + 10 % + 10 % = 12 %

CONCLUSION.

On remarque que Le RDPC est la formation politique la plus fortement représentée dans toutes les régions du Cameroun. De plus il couvre très bien son fief avec plus de 80 % de l’électorat. Il faut noter que cet électorat est inconditionnel et ne se pose aucune question pour voter de façon naturelle le RDPC. Quel que soit par ailleurs le degré de satisfaction ou de déception que cet électoral peut éprouver envers son champion, sa fidélité et son attachement au parti restent inébranlables. Additionnellement, le RDPC reste le seul parti politique qui bouscule les autres dans leurs fiefs respectifs au point de faire du coude à coude avec ceux-ci dans de nombreux départements. Pas surprenant que tout seul, le RDPC revendique environ 48 % de l’électorat Camerounais.

Le SDF vient en deuxième position avec environ 21 % de l’électorat national, fort de ses bases du Nord-Ouest, de l’Ouest, du Littoral et du Sud-ouest qui lui donnent l’essentiel de son électorat. Il convient de noter que le SDF a du mal à glaner 10 % de suffrages dans les fiefs non seulement du RDPC mais également dans ceux de l’UNDP. Dans ces conditions, le SDF ne saurait revendiquer qu’un peu plus d’un électeur sur 5 sur l’ensemble du territoire.

L’UNDP vient en troisième position avec environ 19 % de l’électorat national. Il est amené par sa forte implantation dans le Grand Nord du pays. Il a pu résister aux divisions qui ont conduit de nombreux de ses cadres et non des moindres à créer des partis concurrents sans pour autant faire le poids sur le terrain. Comme c’est le cas pour le RDPC dans son fief, la moitié de l’électorat de son fief du Grand Nord est inconditionnellement acquise à la cause de l’UNDP.

Tous les autres partis se partagent 12 % de l’électorat national avec certains qui ne sont implantés que dans un, deux ou trois départements. C’est le cas de l’UDC qui rafle régulièrement tout sur son passage dans le département du Noun et de l’UPC qui fait presqu’autant dans le Nyong et Kele, mais malheureusement presque rien sur le reste du pays. Pour les autres, ils feraient mieux, à défaut de travailler très dur sur le terrain, de se rallier aux principaux partis politiques sinon c’est la disparition assurée.

ROLAND FELIX EYOUM
ANALYSTE POLITIQUE INDEPENDENT
PRESIDENT & CHIEF EXECUTIVE OFFICER
CIMEX INTERNATIONAL CORPORATION

Auteur:
Adeline ATANGANA
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