Cameroun - Pr Hubert Mono Ndjana (philosophe): «Il n’y a que deux tribus dans ce pays: la tribu de ceux qui possèdent tout et la tribu de ceux qui ne possèdent rien»

Par Pierre Arnaud NTCHAPDA | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 08-Mar-2019 - 13h19   9882                      
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Pr Hubert Mono Ndjana Archives
L’universitaire pense que le tribalisme est instrumentalisé par les élites qui appartiennent le plus souvent à la même classe sociale.

Le professeur Hubert Mono Ndjana n’admet pas l’existence du tribalisme dans son pays. Le philosophe pense que des élites pour des intérêts égoïstes dressent les populations les unes contre les autres. Il l’a dit le 5 mars au cours de l’émission Mosaique, consacrée au viovre-ensemble et diffusée sur la télévision Canal 2 international.  « On nous dérange pour rien. Il n’y a que deux tribus dans ce pays : la tribu de ceux qui possèdent tout et la tribu de ceux qui ne possèdent rien. Il y a là des intérêts matériels. On ne peut pas blaguer là-dessus. Ce sont les intérêts matériels qui déterminent le comportement sociologique et psychologique des individus. Il y a solidarité entre les gens de même condition quelle que soit la tribu. Quand vous avez deux hommes d’affaires qui parlent millions ils signent des conventions en haut. Et pour ne pas être dérangés ils envoient la foule aller faire du tribalisme en bas. Voilà ce qu’on appelle « les intérêts de classes », a démontré l’universitaire.  

Hubert Mono Ndjana explique que les classes existent mais qu’il ne faut pas les balayer par excès d’enthousiasme communautaire. Idem pour la tribu sur laquelle conseille-t-il « il ne faut pas s’appuyer pour parvenir à certaines fins ». Le philosophe membre du RDPC au pouvoir propose,  « pour remettre les tribus ensemble », d’essayer de procéder à une sorte de justice sociale. C’est-à-dire « l’égalité de base ». Explication : « Il faut considérer les citoyens dans leurs points de départ naturel. Ils sont inégaux par la nature mais la société doit chercher à équilibrer ces inégalités de base. C’est ce qu’on  a essayé de faire avec la notion d’équilibre régional. Mais il ne faut pas aussi toujours par excès d’enthousiasme communautaire essayer de transformer tous les dictionnaires. Le mot « allogènes » existe dans le dictionnaire. Le mot « autochtones » existe dans le dictionnaire. On ne va pas effacer ça ! »

Pour Mono Ndjana, « quoi qu’on  fasse on est toujours autochtone quelque part et allogène quelque part. Il faut maintenant qu’un homme politique sache jouer sur le damier national, savoir quel pion il peut pousser par ci par là », conseille-t-il.        

Auteur:
Pierre Arnaud NTCHAPDA
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