Cameroun - Prison de Kondengui: André Téné, détenu du MRC, écrit aux Camerounais

Par Béatrice KAZE | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 16-Aug-2019 - 16h05   11134                      
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André Téné archives
Dans une longue lettre, André Téné, enseignant à la retraite revient sur leurs conditions de détention et parle de leur combat en faveur d’une transition politique au Cameroun.

 «C’est grâce à vos multiples soutiens que j’ai pu tenir le coup. Je vous en remercie. Mais je remercie particulièrement ces jeunes Camerounais que j’ai eu la grâce de rencontrer et d’enseigner dans des Lycées», écrit André Téné dans une longue lettre publiée dans les colonnes du quotidien Le Jour édition du 16 août 2019.

Dans cette missive, l’enseignant à la retraite, arrêté à Bafoussam le 26 janvier 2019 et incarcéré depuis 7 mois à la prison de Kondengui, revient sur les conditions de son arrestation ainsi que celles de ses camarades,  leur transfert  dans des conditions choquantes à Yaoundé et puis, les mois passés à la prison centrale de Yaoundé.

«Si je dois être fusillé sur la place publique, j’irai à la potence les yeux ouverts. En effet, c’est au champ de bataille que j’aurai eu l’opportunité de passer le témoin à une nouvelle génération de défenseurs des droits de l’homme, donc de la justice», indique celui qui se considère comme un «détenu politique».

 A propos des marches pacifiques initiées par son parti, André Téné estime que «le MRC, comme Jésus, comme GANDHI, comme Martin Luther KING a choisi pour méthode de lutte la non-violence. Celle-ci exige de ses adeptes qu’au cours des combats, ils ne posent aucun acte susceptible de porter atteinte à l’intégrité physique et/ou morale de l’adversaire. C’est pourquoi j’avais accepté de marcher, moi à qui le philosophe Allemand Emmanuel KANT a enseigné d’agir toujours de manière à considérer la personne humaine qui est en moi et en autrui toujours comme une fin mais jamais comme un moyen, c’est-à-dire de ne pas faire à l’autre ce que je ne voudrais pas qu’on me fît».

«Ceci étant, le Professeur Maurice KAMTO et le MRC ne sont pas les pionniers de la non-violence. Ils n’en sont pas les inventeurs. Grâce à cette méthode de lutte, Gandhi vainquit les Britanniques en Inde. Grâce à elle aussi, le Pasteur Martin Luther KING vint à bout des ségrégationnistes blancs d’Amérique du Sud», précise-t-il.

Parlant de la situation sociopolitique du Cameroun, l’enseignant à la retraite soutient que «dans les dictatures, tout le monde est joueur. Mais n’y a pas d’équipes et chacun a son filet où il entend marquer ses buts? Marquer le but pour le Magistrat par exemple, c’est atteindre le grade de «Magistrat hors hiérarchie», même si les prisons sont pleines d’innocents. L’absence d’équipe ici n’est pas un fait du hasard. C’est la manifestation d’une volonté politique. Assis le dos tourné à la gare et ivres des délices du pouvoir, les dictateurs n’entendent pas le sifflement du train…».

«Les gouvernants du Cameroun souffrent de cette surdité: non seulement ils n’entendent pas le sifflement du train, mais encore ils refusent de se retourner pour le voir passer. Dans ces conditions, si je suis de ceux qui se battent pour que les choses changent dans ce pays, c’est bien par amour pour ses dirigeants, eux qui ignorent tout des délices du village planétaire. Le sentiment d’amour que nous avons pour ce pays qui a besoin, pour sa construction de tous ses fils, y compris de ceux qui nous torturent et nous humilient en permanence, nous permet de nous mettre au-dessus de la haine et du mensonge dont ils nous accablent», écrit-il.

Auteur:
Béatrice KAZE
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