Des hommes politiques soutiennent Fridolin Nké. En réaction à la convocation de l’universitaire à la direction de la Sécurité Militaire (SEMIL) du ministère de la défense, le président du Parti de l’Alliance Libérale (PAL) et le vice-président du Social Democratic Front (SDF) ont pris leur plume pour dénoncer l’acte du colonel Emile Joel Bamkoui.
Dans un texte diffusé sur Internet et intitulé "Le Philosophe et le Sécurocrate" Sauver le Professeur Fridolin Nke pour sauver la Liberté d'opinion", Célestin Bedzigui fustige l’utilisation des moyens de l’Etat pour régler des comptes personnels ou museler ceux qui rament à contre-courant. « Le Cameroun est-il voué à devenir la terre de tous les avatars? La puissance de l'État doit-elle être dévoyée par une utilisation abusive de ses organes contre les droits des citoyens ? Devrait-on laisser les leviers de ces organes entre les mains de sécuritocrates qui les utiliseraient à la guise de leur exaltation, habités qu'ils sont par le seul esprit de répression sans mesurer les risques de rupture politique que leurs initiatives font encourir à la communauté nationale? Doit-on laisser ainsi le droit citoyen fondamental de la liberté d'expression et d'opinion être assassiné ? La réponse que tout citoyen determiné à protéger des droits destinés à garantir l'épanouissement de tous est NON! NON!NON ! NON! »., écrit-l’ancien de l’Union Nationale pour la Démocratie et le Progrès (UNDP) qui dénonce une « convocation qui n'est justifiée par aucune raison licite ».
Célestin Bedzigui vante les mérites de Fridolin Nké qu’il compare aux plus illustres des philosophes que le Cameroun a enfantés. Il n’approuve pas le fait que des hommes en armes soient allés le chercher à son lieu de service. « La qualité de philosophe du Professeur Nke Fridolin n'est pas une gâterie que notre plume lui décerne. Dans une tradition séculaire de professeurs de philosophie Eton dont les Professeurs Marcien Towa, Mono Ndjana, tous autant du clan Essele, lui du clan Menyagda, c’est le produit d'un long parcours académique reconnu par l' Université-mère de notre pays à Yaounde Ngoa Ekele où est localisé son bureau et où il professe dans la pure tradition des philosophes de tous les temps, sous le chapiteau de la critique des mœurs et de la société. Et c'est là, en toute violation des franchises universitaires universelles, qu'une escouade d'éléments lourdement armées sont allés pour l'enlever mais, ne l'ayant pas trouvé, lui ont laissé une convocation à se présenter ... au Directeur de la SEMIL... », réagit l’adjoint au maire de Monatélé.
Il se demande ce que va faire un professeur d'université, enseignant de philosophie, à la Direction de la Sécurité Militaire du Ministère de la Défense si ce n’est, redoute-t-il, « s'exposer imprudemment à l'intimidation voire à sa "neutralisation"? » Et de se demander si tout fonctionnaire, fût-il des ministères en charge de la Defense et de la Sécurité, a autorité et pouvoir pour convoquer un citoyen, « de surcroît Professeur d'Université » à sa guise? « Le Cameroun est-il devenu un Etat policier sous siège, avec limitation de l'expression de leur opinion imposée aux citoyens ??? Sur la base de quelles lois les sécurocrates croient pouvoir continuer d'écraser tous les droits citoyens en persistant dans des pratiques répressives des temps révolues ? » s’interroge l’économiste.
Il veut aussi savoir quelle législation du Camroun, autorise le responsable d'une administration à convoquer un citoyen alors qu'elle ne relève pas des services judiciaires civils ou militaires. cela dit, Bedzigui proclame son soutien à Fridolin Nké. « Et là, je me revêts de ma robe de lumière pour dire, tout d'abord, en homme politique, élu, à qui est assigné le devoir de prendre la défense des citoyens abusés: le Professeur Nke, citoyen de plein droit, ne saurait être inquiété et convoqué à la Sécurité Militaire qui n'est pas dans la nomenclature des services judiciaires de l' Etat et surtout, n'est pas un élément des FDS et n'a commis aucune infraction ou crime armé. Ensuite, en tant que Chef traditionnel Eton dont la mission est de défendre ses enfants en danger et si nécessaire à mobiliser sa communauté pour la cause s'il le faut, je dis ici avec énergie et fermeté: L'un des plus brillants intellectuels Eton et auquel tient sa communauté, le Pr Fridolin Nke ne saurait déférer à une convocation de la Sécurité Militaire qui mettrait en danger son intégrité physique sans que cela ne soit un asservissement à un ordre inique, scélérat, anti-républicain que certains croient pouvoir voir perdurer dans notre pays. Devrait-il y être contraint que le donneur d'ordre de cette initiative devra assumer les suites imprévisibles de l'engrenage qu'il enclencherait. C'est de cette manière que d'abus en abus, de telles pratiques des sécuritocrates dans le NOSO, ont plongé le pays dans le gouffre où il se débat à cette heure. Trop, c'est trop », proteste-t-il.
Le Social Democratic Front (SDF) quant à lui a réagi par l’entremise de Parfait Mbvoum, le vice-président de la section régionale du Centre a publié un communiqué. Il dénonce une attitude qui consiste à vouloir profiter de positions de pouvoir piétiner les faibles. « Le SDF Centre suit de très près les menaces et intimidations dont est vicitime, le Dr Nke Fridolin, Universitaire et enseignant de philosophie à Yaounde 1. Ces menaces viennent d'un colonel de l'armée qui, au cours d'une altercation téléphonique, lui a promis des pires sévices de sa vie. Joignant l'acte à la parole, il l'a fait convoquer pour des motifs les plus ridicules dans ses services. Le SDF Centre ne saurait rester indifférent face à ce genre de comportement, où Certains veulent utiliser leur position armée et militaire pour anéantir ceux qui paraissent les plus faibles avec comme seuls atouts craie et parole », proteste l’opposant. Parfait Mbvoum appelle les uns et les autres à se mobiliser pour forer un bouclier autour du Dr Nké. « Le SDF Centre invite les Camerounais,et particulièrement ceux du Centre: Etudiants de Nke, Enseignants et collègues de Nke, Classe politique du Centre, acteurs de la société Civile du Centre à faire un front commun pour éviter une décharge de balles sur le pauvre enseignant ! Le SDF Centre Reste mobilisé autour des laissés pour compte afin que seule la Justice Triomphe », martèle le responsable politique.