Cameroun - Réaction/Prosper Nkou Mvondo (président du parti UNIVERS): «Le MRC a le droit de s’exprimer. C’est un droit constitutionnel que de manifester publiquement»

Par Pierre Arnaud NTCHAPDA | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 15-Sep-2020 - 11h08   7229                      
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Prosper Nkou Mvondo, leader du parti UNIVERS archives
L’opposant fustige des dirigeants qui gouvernent "à la chicote" en étant prêts à tuer tous ceux qui osent s’opposer à eux.

Prosper Nkou Mvondo approuve le MRC dans le projet de manifestations qu’il a énoncé il y a quelques semaines. Intervenant sur ABK Radio, ce 15 Septembre 2020, le président national du parti UNIVERS a expliqué qu’en décidant de manifester, le parti de Maurice Kamto exerçait un droit qui lui est reconnu par la Constitution du Cameroun.

«Le MRC est dans son rôle. Un parti politique d’opposition doit s’opposer. Et il est tout à fait normal que le MRC s’oppose aux actes du pouvoir en place dès lors qu’il estime que ces actes de son point de vue ne sont pas bons. Le MRC a le droit de s’exprimer. Et les marches, les manifestations publiques, le bruit qu’on peut faire dans la rue, font partie des manifestations mises à la disposition de façon constitutionnelle aux acteurs politiques, à ceux qui s’opposent. C’est un droit constitutionnel que de manifester publiquement. C’est un droit constitutionnel que de marcher, parce que marcher, c’est un moyen d’expression», a réagi l’enseignant de droit.

Le professeur Nkou Mvondo a fustigé l’interdiction de manifestations décrétée par le ministre de l’Administration Territoriale, Paul Atanga Nji. Il y voit une entorse aux pratiques démocratiques. «D’où vient-il qu’un ministre de l’Administration Territoriale interdise de façon quasiment absolue, parce que lorsqu’il dit «jusqu’à nouvel ordre», cela veut dire que ça n’existe plus et tout dépend de son humeur. Même s’il y a une suspension des activités un moment, c’est une mesure exceptionnelle limitée dans le temps. Mais dire que c’est jusqu’à nouvel ordre que l’interdiction est formulée, c’est une atteinte grave à la démocratie, à la Constitution, à la bonne vie démocratique. Je pense que ce pays ne peut pas continuer à être gouverné comme ça, à la chicote», proteste l’universitaire. Qui dénonce aussi la tendance à la répression qu’a le régime de Yaoundé. Il en déduit que manifester au Cameroun signifie courir vers la mort.   

«On a l’impression que pour se maintenir au pouvoir, ceux qui sont en place ne savent qu’utiliser l’arme qui crache le feu et la mort. Parce que vous allez voir, d’ailleurs ça a commencé, dans les rues, on voit la force de maintien de l’ordre armée de fusils qui crachent la mort. Est-ce que la sanction qu’on doit réserver à celui qui entend seulement s’exprimer et dit-il, pacifiquement, c’est la condamnation à mort ? Parce que ça en a l’air. On semble dire «monsieur, si vous descendez dans la rue pour vous exprimer, ce que vous allez rencontrer, c’est la mort. Nous allons tirer sur vous», déplore le professeur Nkou Mvondo. Il appelle les autorités camerounaises à laisser les parts politiques s’exprimer pour faire vivre la démocratie.

Ce qui, selon lui ,n’a rien à voir avec une quelconque insurrection. «Quelqu’un vous dit qu’il va marcher, qu’il va s’exprimer, on dit: «c’est de l’insurrection». Mais attendez qu’il y ait insurrection ! Marcher n’est pas une insurrection. S’exprimer dans la rue n’est pas une insurrection. Parce que dès lors qu’il s’agit d’une insurrection, je ne suis pas là ! Je serai le premier à condamner toute attitude insurrectionnelle», rassure-t-il, soulignant que le congrès du Parti Univers avait été interdit en 2016. «Il faut simplement dire à ceux qui nous gouvernent que la nuit a beau être longue, mais le jour finira par ce lever», avertit-il.      

Auteur:
Pierre Arnaud NTCHAPDA
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