Alors que les «super maires» des 14 grandes villes du Cameroun fêtent leurs 3 mois à la tête de ces différentes Communautés Urbaines, le quotidien d’Etat Cameroon Tribune a voulu analyser leurs travaux, en donnant la parole au Pr Alphonse Bernard Amougou Mbarga, enseignant à l’université de Douala.

Pour le politologue, cette évaluation des «100 premiers jours», permet de se faire une idée de l’autorité en fonction.

Mais pour les maires de villes, il est difficile de faire aisément cet exercice. Car d’une part: «il se trouve que leur programme relève de la présentation qui a été faite auprès de leurs électeurs, à savoir les conseillers municipaux. A partir de là, le grand public ne sait pas grand-chose de ce programme, ce d’autant plus que les élections municipales du 9 février 2020 n’ont pas vu s’affronter des programmes pour la gestion de la ville, mais plutôt des programmes de communes d’arrondissement. Il est difficile de subsumer que l’ensemble des programmes des communes d’arrondissements représente le programme de la ville dans la mesure où les conseils municipaux d’arrondissement, tout comme le conseil de la ville sont composés des élus de différents partis politiques», déclare-il.

D’autres part, «les maires de villes ont pris fonction alors que les budgets avaient été votés avec les délégués du gouvernement, qui avaient certainement une autre vision de la ville relativement aux défis auxquels ils étaient confrontés. Cela nécessite (pour les maires des villes) des ajustements et des réajustements», peut-on lire.

En rapport avec la crise sanitaire actuelle, le maître de conférence en Science Politique conseille aux super maires de ne pas s’abriter derrière les mesures édictées par le gouvernement pour se soustraire à leurs missions  d’élus locaux. «Ce n’est pas le gouvernement qui va faire leur travail. Un maire dispose de pouvoirs de police administrative et il doit en faire usage dans le cadre de la lutte contre la pandémie de  Covid-19», lance-t-il.

Le Pr Alphonse Bernard Amougou Mbarga, affirme que ces maires doivent «revoir leurs priorités en fonction des actions à mener à court, moyen et long terme. Ils ont certes un mandat de cinq ans, mais ils doivent intégrer le fait qu’une ville ne se bâtit pas en cinq ans».

Aussi, «la réalité du jeu politique les oblige à apprendre à communiquer pour donner la vision qu’ils ont de leur fonction», relève le journal.

Wilfried ONDOA