Cameroun - Relèvement de l'âge de départ à la retraite des fonctionnaires des corps de santé publique: Des personnels de la santé dénoncent des textes qui «pérennisent des discriminations intolérables»

Par Béatrice KAZE | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 06-Jul-2020 - 11h11   7724                      
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Le personnel médical remercie le Chef de l'Etat Liliane J. Ndangue
Les textes signés, le 3 juillet 2020, par le président de la République et le Premier ministre sont diversement appréciés par les personnels des corps de la santé publique. Ces derniers estiment qu’il fallait au préalable régler les questions liées à leurs conditions de vie et de travail.

Le 3 juillet 2020, le président de la République, Paul Biya, a signé un décret portant relèvement de l'âge de départ à la retraite des fonctionnaires des corps de santé publique. L'âge de départ à la retraite des fonctionnaires est relevé à soixante ans pour le personnel des catégories «A» et «B», et à 55 ans pour le personnel des catégories «C» et «D».

Ce même 3 juillet 2020, le Premier ministre, Joseph Dion Ngute, a signé le décret portant relèvement de l'âge de départ à la retraite du personnel médical et paramédical de l'Etat relevant du Code du travail. L'âge de départ à la retraite pour ces derniers est relevé à 60 ans pour le personnel des catégories «8» à «12» et à 55 ans pour le personnel des catégories «1» à «7».

«S'il y en a qui ont accueilli avec une petite joie mesurée la rallonge de cinq ans, une grande majorité des personnels des corps de la santé publique concernés pensent que les conditions de précarité, la misère, la mal-vie et la clochardisation des soldats de la santé, sont des questions qui restent préoccupantes», indique le quotidien Le Messager dans son édition du 6 juillet 2020.

Un médecin dont l’identité n’a pas été dévoilée estime que «nous sommes en plein dans l'infantilisation et l'esbroufe des personnels des corps de la santé publique. Relever l'âge de départ à la retraite dans les mêmes conditions actuelles, c'est prolonger l'agonie, la misère et la discrimination. L'Etat doit poser des vraies actions au lieu de prendre des actes qui relèvent du cosmétique».  Pour lui, «ces textes pérennisent des discriminations intolérables pour un pays qui se veut émergent».

Un avis partagé par une infirmière qui s’est exprimée sous couvert d’anonymat. D’après elle, l'augmentation de l’âge de la retraite n'améliore pas le niveau de vie de l'agent public. «Ce dernier n'a pas à se réjouir. L'Etat peut être; mais l'agent public non. Tant que les conditions de travail et de rémunération ne sont améliorées, on reste dans une sorte de bluff», dénonce-t-elle.

En réalité, soutient le journal, les deux textes pourraient être une avancée davantage pour l'Etat qui se donne les moyens par une rallonge de cinq ans, d'exploiter, essorer l'agent public de ses énergies; de pouvoir continuer à s'abreuver en ressources humaines médicales. «Un médecin à 55 ans est une véritable mine d’or, à l’apogée de son expérience médicale, de son savoir-faire. L'Etat a compris que ce serait une véritable perte de s’en séparer à cet âge», lance un médecin.

 

Auteur:
Béatrice KAZE
 @T_B_A
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