Cameroun - Résolution de la crise Anglophone: Le président Paul Biya va-t-il organiser le dialogue inclusif annoncé?

Par Béatrice KAZE | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 14-Jun-2019 - 18h53   6821                      
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Paul Biya archives
Un mois après l’annonce à Bamenda par Joseph Dion Ngute, le Premier ministre, de la volonté du chef de l’Etat d’ouvrir un dialogue sur la crise qui secoue les régions anglophones du Nord Ouest et du Sud Ouest des d’observateurs estiment qu’on s’achemine vers une impasse.

Au cours de sa première visite  le 10 mai 2019 dans la ville de Bamenda depuis sa nomination au poste de chef du gouvernement, le Premier ministre Joseph Dion Ngute a annoncé que le président de la République, Paul Biya  était prêt à ouvrir un dialogue pour résoudre la crise qui sévit depuis trois ans dans les régions anglophones. Selon Dion Ngute, «Paul Biya était prêt à discuter de tout, sauf de la sécession».

Un mois après cette annonce, les prémices de ce dialogue sont toujours attendues. En réalité, de nombreux observateurs émettent depuis quelques temps des doutes sur l’organisation de cette grande concertation.

 D’après  le quotidien Le Jour dans son édition en kiosque ce 14 juin 2019, dans une tribune diffusée cette semaine, le journaliste Xavier Messe est péremptoire sur la question: «crise anglophone: le dialogue n’aura pas lieu». Pour lui, «le mot ‘’dialogue’’ est devenu un concept marketing revendiqué pour plaire, pour être à la mode. Mais au fond, personne n’y croit, personne n’en veut. Dans l’environnement actuel, si un dialogue inclusif et sans préalable devrait se tenir pour tenter de résoudre cette crise qui s’enlise et engendre d’autres problèmes, il devrait réunir dans une même salle: le gouvernement, l’opposition présente au Parlement, la société civile représentative, les fédéralistes, et les décentralistes. Il ne faudrait avoir peur de personne, il ne faudrait exclure personne », lit-on.

Pour Etienne Sonkin, trésorier national du SDF et ancien sénateur, «le président de la République n’est pas un homme de parole. Il ne fait pas ce qu’il dit. En plus, lorsque son Premier ministre parle et est contredit tel que nous l’avons vu, il se devait de préciser ses orientations. En 1990, la rue demandait la conférence nationale souveraine. Il s’y est opposé et a organisé la Tripartite, qui n’a produit aucun résultat (…). Ce n’est pas cette fois qu’on va véritablement dialoguer», soutient-il dans les colonnes du journal.

 André Luther Meka, militant du RDPC dans un débat cette semaine sur Equinoxe Tv préfère relativiser. «Le dialogue n’est pas un événement mais un processus», a-t-il déclaré au cours de ce débat.

 Alors que les uns attendent de savoir ce qui est fait, le Cameroun est entré dans la glose. «Les députés du SDF, qui sont retournés à l’hémicycle pour leur session de juin avec l’espoir qu’un débat parlementaire sera enfin ouvert, ont déchanté après le discours accusatif du président de l’Assemblée Nationale», souligne le journal. Et la sortie controversée du ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji sur la chaîne France 24 «en rajoute au scepticisme des personnes averties, qui pensent à l’usure du temps ».

Auteur:
Béatrice KAZE
 @T_B_A
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