Cameroun - Suspicion: L’ancien inspecteur pédagogique national, Emmanuel Ngouaba, accuse les autorités du secteur de l’éducation de vouloir forcer la tenue des examens pour se faire de l’argent

Par Pierre Arnaud NTCHAPDA | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 08-Apr-2020 - 19h23   9964                      
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Emmanuel Ngouaba Facebook
Le lauréat de la récompense de «Chevalier des palmes académiques» propose un arrêt de l’année scolaire et une prise en compte des résultats des premier et deuxième trimestres en lieu et place des notes d’examens officiels.

C’est un fait, les cours de rattrapage distillés depuis le 6 avril 2020 sur les médias électroniques publics ne rencontrent pas l’assentiment de tous. Il n’y a pas, jusque dans les milieux éducatifs, où des  voix ne s’élèvent pour les décrier.

La réaction la plus retentissante enregistrée ces jours-ci est celle d’Emmanuel Ngouaba, un ancien inspecteur pédagogique national, fait «chevalier des palmes académiques» par le Président de la République. L’enseignant passé au ministère des Transports depuis un moment; a donné son avis sur la question le 7 avril 2020 sur Radio Balafon émettant à Douala.

«Cet objectif au départ est noble mais au niveau de la méthodologie, de la faisabilité, la mise en œuvre de l’idée pour l’enseignant que je suis est complètement ratée», a-t-il entamé.

Selon lui, ces cours sont source de discrimination, d’injustice sociale en raison du fait qu’ils excluent nombre de localités qui n’ont pas accès au réseau CRTV. Il critique des méthodes qui n’accordent plus une place importante à la participation de l’élève.  

«On est revenu à des cours magistraux comme si on était à l’université»,  constate, amer, Emmanuel Ngouaba. Il se demande ce que l’on fait de la pratique et en conclut que  «toutes les conditions ne sont pas réunies» pour des cours à distance de qualité. Conséquence les examens projetés ne peuvent être crédibles.  

«Les élèves sont traumatisés. Quel est le Camerounais qui n’est pas traumatisé par le Coronavirus ? Même les ministres, les directeurs généraux, moi-même je le suis. Vous voyez un élève aller dans un mois ou deux composer un examen ? Là, on serait en pleine sorcellerie pédagogique», analyse l’enseignant. 

«Ces cours à distance pour moi c’est une comédie. Si on continue avec ces cours à la CRTV alors là on aura donc choisi un mensonge pédagogique, un mensonge intellectuel et une injustice sociale terrible et inacceptable», accuse-t-il.

Il propose que  l’on stoppe l’année scolaire et que l’on prenne comme en France, les notes des  premier et deuxième trimestres en considération en lieu et place pour suppléer les examens officiels. Ce qui selon lui «est acceptable». Pour ce faire, il appelle à sécuriser les notes dans toutes les régions du Cameroun.  

Emmanuel Ngouaba voit des intentions inavouées dans la volonté d’organiser les examens de fin d’année.  «Je vais vous faire une petite révélation: puisque les examens au Cameroun génèrent des milliards et des milliards de FCFA ça fait donc un deuxième salaire pour les enseignants, des frais de mission pour les gens des ministères, etc. Vous voyez donc qu’en réalité, personne ne veut perdre tout cet argent, ce deuxième salaire, ces millions», subodore l’éducateur.

 

Auteur:
Pierre Arnaud NTCHAPDA
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