Cameroun - Terrorisme: Amnesty international demande la libération «immédiate» et «sans condition» des trois élèves jugés pour une blague sur Boko Haram

Par Otric NGON | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 20-Oct-2016 - 16h10   49903                      
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Amnesty International Archives
Pour l’ONG, le fait que réprimer l’humeur n’avancera pas la lutte contre le terrorisme.

Le tribunal militaire de Yaoundé devait prononcer mercredi 19 octobre la peine qu’il imposera à Fomusoh Ivo Feh, et ses deux amis Afuh Nivelle Nfor et Azah Levis Gob, reconnus coupables de «non-dénonciation d’actes terroristes». Il faut dire qu’ils sont détenus depuis 2014 pour avoir partagé un message de plaisanterie sur Boko Haram. Ils risquent jusqu’à 20 ans d’emprisonnement. Le procès a été renvoyé au 2 novembre 2016.

Le mercredi 05 octobre dernier, le tribunal militaire de Yaoundé a reconnu les trois jeunes coupables de «non-dénonciation d’actes terroristes» sur la seule base d’un SMS sarcastique envoyé par Fomusoh Ivo Feh et qui disait : «Boko Haram recrute des jeunes de 14 ans et plus. Conditions de recrutement : avoir validé 4 matières et la religion au baccalauréat».

Pour Amnesty International, «une peine d’emprisonnement, quelle qu’en soit la durée, accentuera davantage le cauchemar de ces trois jeunes qui ont déjà passé près de deux années de leur vie en détention préventive».

Par la voix de Balkissa Idé Siddo, sa chargée de campagnes pour l’Afrique centrale, Amnesty International pense que «le prisonnier de conscience Fomusoh Ivo Feh et ses deux amis doivent être libérés immédiatement et sans condition. Les exigences de sécurité nationale et la lutte contre Boko Haram ne peuvent servir de prétexte à la violation du droit de la population camerounaise à la liberté d’expression».

Enfin, «la tragédie que vivent ces jeunes est un non-sens. Réprimer l’humour ne permettra en aucun cas de vaincre Boko Haram et constitue une atteinte grave à la liberté d’expression. Cette répression aveugle doit cesser», a déclaré Balkissa Idé Siddo.

En rappel, la loi antiterroriste adoptée en décembre 2014 autorise les tribunaux militaires à poursuivre des personnes arrêtées dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Amnesty International a plusieurs fois dénoncé les procès conduits devant ces tribunaux, compte tenu de leur manque d'indépendance et d'impartialité, et de l’absence de garantie d’un procès équitable.

Auteur:
Otric NGON
 @OtricNgonCIN
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