« Ce que je peux vous dire c’est que le Cameroun c’est un pays qui m’empêche de dormir, pour lequel mon cœur saigne. Oui le dialogue national a été un pas positif, oui la libération des prisonniers politiques par le président Paul Biya a été un pas positif. La semaine dernière j’ai rencontré l’un de ses opposants Monsieur Maurice Kamto. Mais ce qui compte vraiment c’est la mise en œuvre des décisions. Ce qui compte plus pour les populations du Nord-Ouest et du Sud-Ouest c’est la décentralisation authentique, elles ne veulent pas d’une décentralisation symbolique avec seulement les mots sur le papier, les beaux discours », a répondu le diplomate américain au journaliste Christophe Boisbouvier qui voulait savoir sa perception sur le statut spécial accordé aux régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.

Le Secrétaire d’Etat adjoint aux Affaires africaines estime que chaque jour qui passe, de plus en plus de personnes dans ces deux régions en crise sont tentées par la solution d’avoir leur propre pays. « Pour les États-Unis, c’est une mauvaise solution. Car le Cameroun est un seul pays avec deux systèmes. Mais il faut une réelle décentralisation ; et c’est la mise en œuvre, c’est ce qui se passe sur le terrain », a-t-il souligné.

 Le 11 avril 2019, Tibor Nagy, le « Monsieur Afrique » du département d’Etat américain, avait déclaré à Houston au cours d’une conférence de presse, sa préoccupation sur la situation sécuritaire au Cameroun.

«Après le Soudan, ma prochaine préoccupation est le Cameroun. Vous êtes sans doute au courant des violences en cours dans ce pays», avait révélé le diplomate américain aux journalistes.

Quelques jours avant sa visite de travail au Cameroun en mars 2019, Tibor Nagy avait provoqué un tollé, en plaçant la crispation politique et la crise anglophone au centre de ses échanges avec les autorités du pays. Il avait ainsi promis d’inciter le Gouvernement à être « plus sérieuses » dans sa gestion de la crise anglophone, indiquant que les mesures prises jusqu’à présent ne suffisent pas à calmer les tensions dans le Nord-Ouest et Sud-Ouest.

Les déclarations du Secrétaire d’État adjoint des États-Unis pour les affaires africaines avaient en partie été dénoncées par le porte-parole du gouvernement camerounais, qui avait invité le diplomate au respect de la souveraineté du pays.

« Le Gouvernement camerounais regrette vivement ces propos qui dénotent une méconnaissance des enjeux, des réalités et des faits », avait notamment écrit le Rene Emmanuel Sadi dans un communiqué de presse rendu public le 5 mars 2019.