Cameroun - TIC - Alain Ekambi (Concepteur de l’application Dikalo Messenger ): «Toutes les régions du monde ont une plateforme propre à elles, qui offre des services adaptés au contexte social de ces régions. L’Afrique non. Dikalo veut combler ce vide»

Par Iris BITJOKA | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 25-Oct-2017 - 11h59   9482                      
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Alain Ekambi Caprure d'ecran
Malgré quelques bugs encore perceptibles, de nombreux utilisateurs connectés savourent déjà la communication via Dikalo Messenger, depuis le lancement de sa première version officielle le 22 octobre 2017. L’équipe continue de travailler d’arrache-pied de jour comme de nuit pour davantage rendre agréable la communication à travers cette messagerie instantanée made in Cameroon

Jeune camerounais né il y a 35 ans dans la capitale économique du Cameroun, Douala, Alain Ekambi est un amoureux des technologies de l’information et de la communication. Son parcours scolaire le démontre à suffisance notamment à travers son Diplôme en genie informatique décroché à l’université technique de Munich en Allemagne où il réside. Après ses études, l’ingénieur camerounais décide de se lancer dans le monde de l’entreprenariat et co-crée sa première entreprise Ahomé Innovation Technologies ; une entreprise spécialisée dans le développement de logiciels pour les petites et moyennes entreprises. En 2016 une situation embarrassante au terme d’un voyage qu’il venait d’effectuer fait germer l’idée d’une messagerie instantanée à confidentialité particulière et surtout propre aux réalités africaines. Alain Ekambi sans trop hésiter va se lancer dans le projet Dikalo surtout qu’il a là l’occasion dit-il de donner plus de visibilité au potentiel insoupçonné des jeunes africains dans les innovations numériques Pour Alain Ekambi, Dikalo Messenger est un rêve qui devient réalité, et surtout un défi qu’il envisage de relever, car son vœux le plus cher est de voir sa plateforme de communication devenir le WeChat de l’Afrique.

Alain Ekambi le papa de Dikalo Messenger, l’application de messagerie made in camer qui ambitionne de s’imposer dans le monde des applications de messagerie; se dévoile sur Cameroon info.net.

Cameroon info.net : Le 22 Octobre 2017 est à coup sûr une date historique pour vous, car à cette date vous lanciez officiellement une nouvelle application, une messagerie instantanée dénommée Dikalo messenger. Parlez-nous de la naissance de ce projet

 

Alain Ekambi : Eh bien disons que tout part d’un voyage au cours duquel j’ai rencontré une personne intéressante. Au moment de se séparer j’aurais bien voulu rester en contact avec la personne sans toutefois (du moins au début) donner mon numéro de téléphone à la personne. Mais les messageries du moment ne m’offraient pas cette option. Du coup, j’ai pensé à une messagerie qui pourrait marcher avec mes proches mais aussi avec des gens que je ne connais pas (encore). Ce n’est pas tout le monde qui doit atterrir dans votre liste de contacts téléphonique. Du moins au début. En d’autres mots donc, Dikalo naît du besoin de communiquer sans toujours avoir besoin de partager ses  informations privées. Les messageries actuelles exigent (j’insiste sur le verbe exiger). Exigent disais-je de donner au moins son numéro de téléphone à l’autre. Ça marche sans gêne aucune pour les proches mais pas forcément pour les gens que l’on ne connaît pas.

Au-delà de cela, j’avais cette envie ardente de créer une plateforme de communication avec focus sur l’Afrique. Toutes les régions du monde ont une plateforme propre à elles, qui offre des services adaptés au contexte social de ces régions. L’Afrique non. Dikalo vient alors combler ce vide. Avec mon équipe on a décidé d’ajouter quelques éléments à connotation africaine comme le nom Dikalo ou les stickers africains (nous avons commencé avec les stickers camerounais mais comptons ajouter d’autres pays très bientôt).

 

CIN : Pourquoi le nom « Dikalo » ?

 

Alain Ekambi : Dikalo signifie Le message, La nouvelle en langue Douala. J’ai trouvé que cela passe bien à un système de messagerie et aussi à l’aspect africain du projet

 

Cameroon info.net : Présentez-nous l’équipe de mise en œuvre du projet 

 

Alain Ekambi : La partie technique de Dikalo a été faite par moi. Et les fameux stickers camerounais par Felix  Fokoua. Il y a d’autres personnes qui aident mais qui préfèrent rester dans l’ombre

 

 CIN : plus de 20 mois de travail acharné, et ça continue. Quelle a été votre principale difficulté dans la réalisation de ce projet ?


Alain Ekambi :  La grande difficulté a été de faire comprendre la vision générale derrière Dikalo. La question qui revient toujours : “C’est quoi la plus-value ? Mais il y a déjà WhatsApp.” Donc notre combat c’est de faire comprendre aux usagers le besoin fondamental de la messagerie que nous pouvons contrôler nous-même. Aussi, construire un tel système demande beaucoup efforts et nous sommes encore très petits avec des moyens très limités. Mais nous espérons attirer de bons investisseurs et toujours plus. Heureusement les choses avancent tout de même !

 

CIN : Quelle a été votre motivation ? Ce qui vous a déterminé à aller jusqu’au bout?

 

Alain Ekambi : C’est l’écho qu’a eu le prototype de Dikalo. Nous avons fait un premier prototype et en avons parlé autour de nous. Les réactions positives nous ont encouragées à aller de l’avant avec le projet. En décembre 2016 nous avons publié la première version test et comptions au mois d’Aout 2017 près de 1 million 200.000 abonnes. Et j’avais là  l’opportunité de prouver que les jeunes africains peuvent aussi créer une plateforme qui est utilisée par des millions de personnes. Je m’y suis mis à fond.

 

CIN : Aviez-vous d’autres projets ? Pourquoi  avoir choisi de s’investir dans ce projet précis et pas un autre ?

 

Alain Ekambi : Pour le moment Dikalo est mon seul projet. Mais à travers Dikalo nous avons beaucoup d’autres idées. La messagerie de base n’est qu’un début. Une fois les gens connectés nous allons ajouter des services uniques.

Pourquoi Dikalo et pas un autre Projet ? Je pense qu’une plateforme qui rassemblent toute l’Afrique et faite par des africains est un projet fabuleux. Nous en avons absolument besoin dans le continent africain. Nous avons besoin de cette plateforme qui nous unit à notre façon. Que ce soit en Asie, en inde aux Amériques ou en Europe vous trouverez toujours une plateforme propre à ces zones. L’Afrique était la seule zone du monde qui manquait encore à l’appel.

 

CIN : En clair, face à d’autres messageries instantanées telles que Whatsapp( Choisi par des millions d’utilisateurs à travers le monde quelles sont les particularités de Dikalo ?

Alain Ekambi : Le respect des données privées. Chaque utilisateur dans Dikalo dispose d’un code personnel privé. C’est avec ce code que vous pourriez retrouver un ami sur Dikalo. Il est aussi possible de permettre à Dikalo d’accéder à votre répertoire téléphonique. Dikalo pourra ainsi vous permettre d’envoyer une demande d’amitié à vos contacts déjà sur la plateforme. Notez que l’accès au répertoire est purement volontaire et pas obligatoire comme sur les autres messageries. Ainsi chaque utilisateur contrôle lui-même ou quand et comment il partage ses informations privées. Bien sûr il y a aussi le focus sur l’Afrique. Nous allons privilégier notre continent dans ce que nous faisons. Un peu comme le fait WeChat en chine ou Hike en inde.

 

 CIN : Quelles sont vos attentes vis-à-vis de Dikalo ?

 

Alain Ekambi : Que Dikalo devienne une référence et un réflexe pour tout  africain. Chaque africain doit être dans Dikalo.

 

CIN : Comment appréciez-vous le retour que vous avez des personnes qui réagissent à la nouvelle de l’arrivée de Dikalo ?

 

Alain Ekambi : Le retour est super positif. Malgré les bugs et les difficultés à utiliser Dikalo en ce moment les gens adhèrent à notre vision et cela nous donne le courage de continuer.

 

CIN : Comment peut-t-on se procurer l’application Dikalo ?

 

Alain Ekambi : Dikalo est disponible sur Google Play, Sur le web,  Windows, mac et Linux. La version pour iOS suivra d’ici peu

 

 CIN : Dikalo une fois sur les smartphones, quelle sera la suite ?

 

Alain Ekambi : La suite, offrir des services unique qui vont à jamais changer et faciliter la vie de beaucoup d’africain. La messagerie en réalité est juste un début. Une fois les abonnés habitués à son utilisation, nous comptons offrir des services uniques et adaptés à chaque public à travers le monde ; la priorité donnée au public africain car nous le connaissons mieux et aussi parce que peu d’entreprises pour ne pas dire presqu’aucune entreprise occidentale ne nous met dans sa liste des priorités.Nous pourrions évoluer par exemple dans le payement/transfert d’argent électronique. Imaginez la possibilité de pouvoir payer partout en Afrique avec un simple texto. Pas besoin d’ouvrir un compte bancaire. Avec près de 850 millions de personne sans compte bancaire sur le continent ceci pourrait changer les choses. Et bien sur beaucoup d’autres services suivront.

Iris Bitjoka

Auteur:
Iris BITJOKA
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