Nadine Nadège Mveng, officier de police et Mélanie Eboulou, inspecteur de police, sont en détention depuis plusieurs mois à la prison centrale de Yaoundé-Kondengui. Traduits devant le Tribunal de Grande Instance (TGI) du Mfoundi, les deux fonctionnaires de police répondent des faits supposés de faux en coaction et complicité d’usage de faux en rapport avec des documents de voyage.

Leurs complices supposés sont Gérard Foe Owona, diplomate en service au ministère des Relations Extérieures (MINREX), lui aussi détenu à la maison d’arrêt de Yaoundé; et Ferdinand Nguewo, militaire, déclaré en fuite.

L’information est contenue dans l’hebdomadaire Kalara paru le 4 août 2020.  Notre confrère relate, s’appuyant sur le récit des faits du parquet, que tout est parti du 13 avril 2019. Ce jour-là, M. Adalbert Nana Djappa, informaticien et Mme Hamwo Edwige, caissière dans une quincaillerie à Yaoundé, sont arrêtés à l’aéroport de Douala alors qu’ils s’apprêtent à embarquer à bord d’un vol de la compagnie Ethiopian Airlines en direction de l’Italie.

«Les éléments de la police des frontières avaient en fait découvert, en procédant au dernier des trois contrôles d’usage, que les documents de voyage que possédaient M. Njappa et sa compagne d’infortune ne concordaient pas avec les explications qu’ils donnaient. Les intéressés détenaient des passeports de service qui, selon l’accusation, ne seraient réservés qu’aux seuls fonctionnaires, ainsi que des ordres de mission estampillés du MINREX. Les documents en question indiquaient que les bénéficiaires vont en mission en Italie pour assister à une conférence internationale. Les flics se montraient sans pitié en interpellant les deux voyageurs suspectés de fraude à l’immigration», raconte le journal.

Nana Djappa et Mme Hamwo, également en détention à Kondengui, sont aussi traduits devant le TGI du Mfoundi pour des faits présumés d’usage de faux en rapport avec les documents querellés.

A l’audience du 16 juillet 2020, renseigne Kalara, en présentant au tribunal les faits allégués, le représentant du ministère public a essayé d’établir la responsabilité supposée de chacun des accusés dans cette affaire.

«Il a expliqué que le réseau contactait des personnes qui désiraient se rendre en Europe. Les personnes intéressées par l’offre versaient 4 millions de FCFA au réseau. M. Nguewo (militaire) percevait l’argent versé par les clients du réseau, soit 4 millions de FCFA chacun. M. Foe Owona (fonctionnaire au MINREX) livrait à ces derniers les ordres de mission. Mme Mveng (officier de police), en fonction à la direction de l’émi-immigration au moment des faits, facilitait la délivrance du passeport sollicité. Le jour du voyage, c’est Mélanie Eboulou (inspecteur de police), en service à la compagnie de la sécurité de la voie publique à Douala, qui encadrait l’embarquement des voyageurs à l’aéroport», lit-on.

Cependant, M. Nana Djappa et Mme Hamwo nient toute complicité, au motif que c’est seulement à l’aéroport qu’ils auraient découvert que leurs documents avaient des problèmes. Le procureur a demandé au tribunal de condamner tous les accusés; expliquant que chacun était conscient des actes posés. Le prononcé du verdict est attendu ce 6 août 2020.