Cameroun - Trafic illicite du bois: Des entreprises vietnamiennes accusées de fraudes fiscales

Par Béatrice KAZE | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 23-Nov-2020 - 11h55   5620                      
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Exploitation forestière au Cameroun Archives
Selon une enquête menée par le Centre pour l’Environnement et le Développement (CED) et Environmental Investigation agency (EIA), ces entreprises dissimulent des transactions commerciales et leur chiffre d’affaires pour contourner l’administration fiscale camerounaise.

Pendant trois ans, le Centre pour l’Environnement et le Développement et Environmental Investigation Agency ont mené une enquête sur l’exploitation forestière exercée par des entreprises vietnamiennes au Cameroun.

Le rapport d’enquête intitulé: «Bois volé, temples souillés: Les conséquences néfastes du commerce du bois entre le Cameroun et le Vietnam sur les populations et les forêts camerounaises» révèle que «la croissance exponentielle du commerce de bois entre le Cameroun et le Vietnam se fonde sur des stratagèmes choquants et des activités illégales», rapporte le quotidien Le Messager dans son édition du 23 novembre 2020.

Selon le rapport, afin de maximiser leurs bénéfices, certaines sociétés vietnamiennes spécialisées dans le commerce du bois violent régulièrement les lois camerounaises. Les estimations d’EIA, indiquent que «132 000 mètres cubes de grumes, au minimum, ont été exportés du Cameroun vers le Vietnam en violation de l’interdiction partielle d’exportation de grumes entre janvier 2016 et juillet 2020. Il s’agit notamment de 84000 mètres cubes de doussie (40,2 millions de dollars), 16 900 mètres cubes de mukulungu (Autranella congolensis) d’une valeur de 5,7 millions de dollars US, 15000 mètres cubes de sapelli (Entandrophragma cylindricum) d’une valeur de 6,6 millions de dollars US, 6 000 mètres cubes de padouk (Pterocarpus soyauxii) d’une valeur de 2,1 millions de dollars et 3 900 mètres cubes de movingui (Distemonanthus benthamianus Baill) d’une valeur de 900 000 dollars US. Ce flux illégal représente un total de 58 millions de dollars US, soit 11 pour cent du volume total de grumes exportées vers le Vietnam (13 pour cent de la valeur totale)», peut-on lire.

L’enquête menée par le CED et EIA précise également que «les grumes illégales qui entrent dans les scieries vietnamiennes au Cameroun sont rapidement tronçonnées. La plupart des lettres de voiture produites par leurs fournisseurs sont achetées auprès des autorités. Le coût actuel des pots-de-vin pour les grumes de tali s’élève à 510 000 FCFA par facture et par camion. Le blanchiment courant de bois illégal à travers la délivrance des lettres de voiture est une faille bien connue du secteur forestier camerounais, en particulier en ce qui concerne les ventes de coupe».

Par ailleurs, ces entreprises vietnamiennes sont accusées d’opérer en violation de la législation du travail camerounaise. Elles «oppriment et maltraitent les travailleurs camerounais, généralement payés moins de sept dollars par jour et profitent de la situation économique désastreuse du pays pour briser les grèves et mettre de côté les revendications des travailleurs camerounais visant à de meilleures conditions de travail», lit-on.

En quelques années seulement, le Vietnam est devenu le deuxième plus grand marché pour le bois camerounais (après la Chine), tandis que le Cameroun est devenu le premier fournisseur de grumes tropicales du Vietnam (soit une valeur de 25% des grumes importées de 2016 à 2019). Au Vietnam, les grumes camerounaises ont remplacé les essences d’Asie du Sud-Est qui alimentaient le marché auparavant, renseigne ledit rapport.

Auteur:
Béatrice KAZE
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