Cameroun - Tragédie d’Eséka: L’artiste Denise Naafa raconte comment elle a échappé à la mort

Par Pierre Arnaud NTCHAPDA | Cameroon-Info.Net
DOUALA - 23-Oct-2016 - 14h36   83307                      
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Denise Naafa Denise Naafa
«J’ai été marquée par l’horreur. Rien qu’à y penser j’essaie de voir comment les gens qui étaient à côté de moi étaient en train de souffrir. J’ai la douleur de voir des gens perdre leur vie en un laps de temps. C’est quelque chose qui s’est passé en moins de cinq minutes».

Ceci est une partie du témoignage de Denise Naafa délivré le 22 octobre 2016 sur la télévision nationale du Cameroun. La jeune artiste camerounaise a survécu au terrible accident de train d’Eséka le 21 octobre 2016. Voici racontés par la prometteuse chanteuse les moments qui ont failli la voir passer de vie à trépas. 

Lorsqu’on sort d’une situation où l’on a l’impression de devoir passer de l’autre côté et qu’on réalise après qu’on soit encore en vie, vraiment on se sent miraculé. Il y a eu des inquiétudes quelques minutes avant l’incident. Déjà, à quelques minutes du déraillement, nous avons senti dans le train une odeur de brûlé qu’on ne trouvait pas vraiment normale. Les deux personnes qui m’accompagnaient l’ont aussi senti. On s’est demandé d’où l’odeur sortait. On s’est dit que ce doit être dû au rail. Juste après nous sommes passés en haut d’un ravin qui était à 5 mètres en dessous de nous. Juste après le ravin, on a eu un premier virage. Et juste après le virage, le train allait, tellement vite que là ça a éveillé les consciences des gens on s’est dits qu’il y a quelque chose qui ne va pas. Après le deuxième virage, le train est allé à une vitesse qu’on ne comprenait pas. On ne réalisait pas ce qui se passait. À un moment donné, le train a commencé à bouger, à faire d’énormes bruits et puis tout a basculé. C’était la panique, les gens criaient, tout le monde criait. On entendait des « Jésus-Christ » par-ci par-là.        

J’étais du côté gauche. Donc quand le train a déraillé, il a basculé. J’ai eu l’impression de voler comme un oiseau. Je me suis retrouvé de l’autre côté. Avec la violence du choc, les gens tombaient sur moi. Moi j’étais en bas, je n’arrivais pas à respirer quand. C’était vraiment horrible. J’appelais au secours et  par la grâce de Dieu, il y a un voisin qui a entendu mes cris. Il m’a demandé de prendre sa main. Donc j’ai arrêté sa main très fort. Il s’est agrippé sur l’un des sièges, m’a tiré très fort et je suis sortie. Je pense que s’il n’avait pas été là, je serais certainement passée.

J’étais tellement troublée que je ne peux pas dire à quel moment je suis sortie du train. Déjà j’étais pieds nus. On s’est rendu compte qu’il y avait de l’eau qui coulait à l’intérieur. Et tout de suite, je me suis dit que ça peut être de l’essence et qu’il peut y avoir une explosion. Je me suis précipitée. Le premier réflexe que j’ai eu c’était d’ouvrir la fenêtre d’en haut pour pouvoir sortir. Mon voisin m’a dit : « ne fait pas ça, il y a une sortie qui est juste devant toi. Il fallait escalader un peu ». J’ai vraiment fait de mon mieux. Dans la panique, je suis sortie. Et quand je suis sortie, j’étais vraiment sous le choc, je me suis mise à pleurer. Je ne réalisais pas en fait. Quand je suis sortie, les gens qui étaient autour, qui ont vu l’action, étaient déjà sur place pour aller secourir ceux qui étaient à l’intérieur.

Après j’ai eu le vertige, je me suis assise un peu, j’avais la tête qui tournait. Il y a un monsieur qui nous a demandé de descendre expliquant que ce n’était pas bien de rester comme ça sous le soleil. Après c’était le cauchemar. Ce qu’on a vu, ce que j’ai vu aujourd’hui, je ne réalise pas que j’étais dans ce train et que j’aurais pu être…Je pleure toutes les familles des victimes. Nous peuple camerounais, nous devons tous être en prière parce que c’est vraiment un drame. (…) J’ai vu des camions transporter des corps. Je crois qu’ils allaient à Douala… Puis après on a vu un hélicoptère. Sur la route, nous avons vu des ambulances. (…) J’ai été marquée par l’horreur. Rien qu’à y penser j’essaie de voir comment les gens qui étaient à côté de moi étaient en train de souffrir. J’ai la douleur de voir des gens perdre leur vie en un laps de temps. C’st quelque chose qui s’est passée en moins de cinq minutes. 

Auteur:
Pierre Arnaud NTCHAPDA
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