Cameroun - Transport aérien: Le premier couac du nouveau Directeur de la Camair-Co.  Ernest Dikoum face aux pèlerins furieux d’avoir manqué leur vol à cause d’une nouvelle panne du Dja

Par Adeline ATANGANA | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 26-Aug-2016 - 14h21   55483                      
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Ernest Dikoum, nouveau DG Camair-Co Archives
Dans la soirée d’hier jeudi 25 aout 2016 à l’aéroport international de Douala, l’ambiance était électrique. Deux cents pèlerins, voire un peu plus,  venus des régions de l’Est  et de l’Adamaoua pour le pèlerinage 2016 à la Mecque en Arabie Saoudite, n’ont pas pu voyager comme prévu.

Le Boeing 767, baptisé «Le Dja» affrété pour ce voyage, n’a pas réussi à décoller de la piste de l’aéroport international de Douala. Selon les responsables de la Cameroon Airlines Corporation (Camair-Co), Le Dja a eu une panne technique peu avant l’heure fixée pour le départ. Une mauvaise nouvelle qui a plongé dans tous leurs états, les candidats camerounais au pèlerinage. Certains très en colère, n’ont pas manqué de le faire savoir aux responsables de la Compagnie aérienne camerounaise.

Samuel Ivaha Diboua, le Gouverneur de la Région du Littoral, a dû faire un déplacement en urgence à l’aéroport pour calmer les mécontents. Il a demandé d’une part aux pèlerins d’être patients et d’autre part il a demandé aux responsables de la Camair-Co de prendre toutes les dispositions afin que le voyage manqué d’hier soit effectif au plus tard dans la soirée de vendredi 26 août 2016.

C’est le premier couac pour Ernest Dikoum, le nouveau Directeur Général de la Camair-Co, nommé et installé le lundi 22 aout 2016 en lieu et place de Jean Paul Sandjo limogé après deux ans de règne. Ce dernier était le 5e patron de la Camair-Co débarqué en l’espace de dix ans. Et malgré ces incessants changements de Manager, la Compagnie ne se porte toujours pas mieux. Quatre jours seulement après sa prise de fonction, Ernest Dikoum est aujourd’hui à l’épreuve de la réalité. Ce qui fait dire à notre confrère Alex Gustave Azebaze que le changement répété de dirigeant à la tête de la compagnie aérienne camerounaise est une fausse solution.

«L'on n'a pas besoin d'être un analyste économique particulièrement futé pour établir qu'au-delà des hommes et femmes qui se succéderaient ainsi à la tête de cette entreprise connue comme étant un gouffre à sous publics, la Camair-Co, comme la Camair à laquelle elle a succédé, ploierait en l'état sur un défaut structurel irrémédiable que même le plan de restructuration de FCFA 60 milliards immédiat (365 milliards pour 5 ans selon Ecofin) attribué à Boieng Consulting - une prétendue filiale du constructeur américain d'avions Boieng - et validé par le gouvernement il y a bientôt un mois, ne marchera pas. À moins d'un miracle. Comme la plupart des entreprises publiques du secteur industriel et commercial, Camair-Co est le produit d'un système politico-institutionnel générateur de mauvais résultats.

Du fait de son obsession exclusive à durer, l'État du Cameroun qui porte ce système ne priorise pas la performance publique comme matrice de sa gouvernance. Pour l'essentiel, ses responsables et principaux décideurs rusent. L'objectif central d'un tel système est simple: gagner du temps face aux Camerounais et/ou ses bailleurs de fonds multilatéraux totalement insatisfaits de ses pratiques. Ainsi, quand Camair-co nait par décret présidentiel en septembre 2006, sur les cendres incandescendantes de la Camair dissoute et mise en liquidation, il est écrit noir sur blanc que c'est pour 6 mois renouvelables 1 fois soit au total 12 mois. Le temps ainsi que l'État propriétaire à 100% du capital social initial le cèdent à des opérateurs privés qualifiés.

11 ans après, alors même qu'on a eu pour premier PCA tout un premier ministre - Philémon Yang en personne -, personne ne semble plus se souvenir que cet État-là n'avait pas - et n'a toujours pas - pour vocation de gérer permanemment cette entreprise commerciale. Qui plus est, une entreprise évoluant dans un des secteurs d'activité le plus soumis à la concurrence internationale. Et plus, ce secteur est très exigeant en matière du respect des normes. Ce qui n'est pas le fort de notre système gouvernant…

De fait on pourra changer 100 fois des DG et PCA, tant que l'État dans sa nature actuelle s'y accroche, rien de bien grand n'en sortirait. À défaut donc de changer de modèle économique de cette entreprise, le réalisme politique commande que l'État la dissolve. Tout simplement. En effet au moment où chaque Camerounais doté de bon sens le comprendrait aisément au regard même de la conjoncture nationale.

En effet, outre ses obligations sociales régaliennes (Santé où la demande d'une couverture maladie universelle est désormais unanime et l'éducation de qualité pour sa jeunesse un permanent talon d'Achille) l'essentiel des ressources publiques sont - et doivent- de plus en plus être consacrées à la sécurité des biens et des personnes et la protection des FRONTIERES nationales - en attendant cette unité africaine appelée de tous nos vœux pour les abolir-, l'État ne peut plus trainer un tel boulet. Même la prétention de quelques collaborateurs gouvernementaux excipant "une volonté déterminée" du président Biya de laisser une compagnie aérienne publique viable tel qu'il l'a héritée de son prédécesseur ne peut ne plus convaincre personne de sérieux» analyse Alex Gustave Azebaze.

L’incident survenu hier à l’aéroport international de Douala semble lui donner raison.

 

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Auteur:
Adeline ATANGANA
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