L’audience de ce lundi 18 mai 2019 devant le Tribunal Militaire de Yaoundé, n’a duré que quelques minutes. Le temps pour le commissaire du gouvernement de solliciter un report afin de présenter ses réquisitions.
Une demande qui a provoqué le courroux de l’avocat du capitaine Etienne Fabassou, l’un des accusés. «Madame la présidente, nous ne comprenons pas la demande de report du commissaire du gouvernement puisqu’il avait déjà présenté ses réquisitions. S’est-il désavoué au point de vouloir présenter d’autres réquisitions?», a demandé Me Sylvestre Mben.
«Mon client n’a pas voulu venir au tribunal ce jour, car ça fait un moment qu’il a été arrêté. Audience à huis clos ou pas, il souhaite être jugé», a ajouté le conseil du capitaine Fabassou, qui était présent dans le box des accusés.
La présidente du tribunal, le colonel Abega Mbezoa a ensuite pris la parole pour annoncer le report de l’audience au 5 décembre 2019 pour présentation des réquisitions du parquet.
A noter que tous les accusés étaient présents, vêtus d’uniformes militaires. Certains ont apparu la mine serrée alors que d’autres paraissaient plus décontractés.
Les sept militaires, (le capitaine Etienne Fabassou, le sergent Cyriaque Bityala, les caporaux Didier Jeannot Godwe Mana et Jonathan Manasse Djakobei, les soldats de première classe Jean Baptiste Tchanga Chiengang, Barnabas Donssou Gorvo et Ghislain Landry Ntieche Fewou), sont poursuivis pour des faits présumés de meurtre en coaction et complicité, violation de consignes et conspiration de meurtre. Ils encourent la peine de mort.
Leur procès fait suite à la diffusion sur la toile en juillet 2018, d’une vidéo montrant l’exécution choquante de deux femmes et deux petits enfants. On y voit les victimes sans défense, criblées de balles par les hommes en tenue.
Après avoir, dans un premier temps nié les faits et crié à la manipulation, le gouvernement avait dû par la suite, se résoudre à reconnaître que le crime avait eu lieu dans la localité de Zevelet, près de la frontière avec le Nigeria.
Les militaires soupçonnaient leurs victimes de collaborer avec le groupe terroriste Boko Haram, très actif dans la région.
Ces derniers ont tous plaidé non coupables, arguant qu’ils respectaient les consignes de leur hiérarchie. Faux, rétorque le capitaine Fabassou qui affirme avoir demandé à ses éléments de remettre les femmes et leurs enfants aux gendarmes.
Fred BIHINA