Cameroun - Vidéosurveillance urbaine: Les caméras de la police accueillies avec suspicion à Bamenda (Nord-Ouest)

Par Otric NGON | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 18-Aug-2017 - 03h34   10092                      
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Caméra de vidéosurveillance à Yaoundé Archives
En effet, depuis la semaine dernière, le dispositif de contrôle des populations est installé dans divers coins de la ville chef-lieu de la région du Nord-Ouest. Mais, les populations au cœur de la crise anglophone qui secoue le pays depuis la fin de l’année dernière estiment qu’elles sont épiées par le Gouvernement.

Le Chef de l’État camerounais, Paul Biya, a signé un décret habilitant le ministre de l'Économie, de la Planification et de l'Aménagement du territoire à signer, avec la Bank of China, un accord de prêt commercial d'un montant de 45,9 milliards FCFA destinés au financement de la phase I du projet d'extension au plan national, du système intelligent de vidéosurveillance urbaine.

Ledit projet, mis en œuvre depuis janvier 2014 à Yaoundé, la capitale dans le cadre de sa phase pilote, prévoit l’installation de 1500 caméras et relais de communication dans les 10 chefs-lieux de région ainsi que dans 7 autres zones stratégiques frontalières, notamment dans la région de l’Extrême-Nord en proie aux assauts de la secte islamiste Boko Haram.

C’est dans ce cadre que Bamenda accueille depuis la semaine dernière les caméras de vidéosurveillance. Mais, les populations accueillent ce nouveau dispositif avec des suspicions, estimant que c’est une manœuvre du Gouvernement pour les espionner.

«Le Gouvernement veut maintenant nous surveiller comme des bandits, des personnes dangereuses alors que nous voulons plus le dialogue que la violence», explique Sylvanus Neba, un habitant de Bamenda, dans les colonnes du journal Expression Economique en kiosque ce jeudi 17 août 2017.

Selon un autre riverain de Bamenda, «ces gens qui nous gouvernent doivent comprendre qu’un père ou une mère qui choisit de sacrifier l’avenir de ses enfants en refusant d’envoyer ces derniers à l’école pendant un an n’a plus rien à craindre. Lorsqu’un enfant accepte de griller une année scolaire pour se faire entendre, pensez-vous qu’une simple caméra réussira à le faire plier ?».

«Le problème est plus sérieux et il faut tout essayer. Surveiller les gens permettra de savoir qui a commis tel acte de destruction, mais il ne faut pas oublier que depuis quelques jours, les villes mortes ont été relancées avec vigueur, passant d’un à trois jours même si leur respect n’est pas observé partout ici à Bamenda», explique un troisième faisant allusion au communiqué rendu public récemment par le consortium de la société civile anglophone.

Pour revenir au projet de vidéosurveillance urbaine, en mi-février dernier, la firme chinoise Huawei Technologies et le gouvernement camerounais avaient signé un contrat pour la mise en place dudit système intelligent, au terme de négociations remontant à 2009. 350 vidéo-caméras devaient ainsi être installées dans les principales artères de la ville de Yaoundé.

La même entreprise fournira par ailleurs 2000 postes émetteurs-récepteurs portatifs équipés de caméras, érigera 9 salles de commandement et d’information avec une option de système national de communication et de gestion des appels d’urgence.

Ce système intelligent de vidéosurveillance, rappelle-t-on, était déjà en phase d’expérimentation au Cameroun depuis une année, notamment lors de grandes cérémonies officielles ainsi qu’à l’occasion de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) de football dames, que le Cameroun a abritée du 19 novembre au 3 décembre 2016.

Auteur:
Otric NGON
 @OtricNgonCIN
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