Cameroun - Violence en milieu scolaire: Le discours de Paul Biya à la jeunesse suscite des réactions mitigées auprès des enseignants

Par Béatrice KAZE | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 12-Feb-2020 - 17h48   4504                      
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Paul Biya s'adresse a la Jeunesse, Yaounde, 10 Fev. 2020 P.R.C.
Si certains enseignants saluent les propos tenus par le Chef de l’Etat, d’autres attendent des actes concrets.

Le Chef de l’Etat, Paul Biya, s’est adressé à la jeunesse le 10 février 2020, à l’occasion de la célébration de la 54ème édition de la fête nationale de la jeunesse.

Dans son discours, le Président de la République a parlé des cas de violences qui défraient la chronique ces derniers jours dans les établissements scolaires. Il a notamment  évoqué le meurtre de Boris Kevin Njomi Tchakounté, professeur des mathématiques au lycée classique de Nkolbisson à Yaoundé.

«Je ne peux ne pas évoquer, avant de conclure, un évènement récent qui bouleverse nos consciences: le meurtre, à Yaoundé, d’un jeune professeur de mathématiques par l’un de ses élèves. Cet acte, à peine croyable, en dit long sur les dérives de nos sociétés. J’en appelle aux parents, aux hommes de religion et aux enseignants pour que grâce à l’éducation qu’ils dispensent, de tels faits ne puissent se reproduire. Je vous demande également de réfléchir à ce qui s’est passé, d’en mesurer la gravité et de prendre l’engagement de ne jamais commettre de tels actes», a déclaré le numéro un camerounais.

Ce discours de Paul Biya n’a pas convaincu Roger Kaffo, président du Syndicat National Autonome de l’Enseignement Secondaire (SNAES). «Nous ne sommes plus au stade où l’on soigne les maux avec les discours. Le Président de la République a parlé de la question des violences en milieu scolaire, mais je suis resté dans ma soif parce qu’il n’a proposé aucune solution dans ce sens. Nous attendons l’organisation d’un débat national sur cette problématique depuis des années», a-t-il déclaré dans les colonnes du quotidien Le Jour édition du 12 février 2020.

Pour Jacques Bessala Ngono, le président du Collectif des enseignants indignés du Cameroun, il s’agit, au contraire, d’un geste d’apaisement du Président de la République vis-à-vis de la famille éducative.

«La réaction du Président de la République vient une fois de plus, désavouer le ministre des Enseignements Secondaires, qui depuis le meurtre de notre collègue, n’a jamais adressé une lettre de condoléances à la famille. Cette réaction sur la question des violences en milieu scolaire peut aussi être interprétée comme un signe d’apaisement compte tenu des frustrations que les enseignants vivent ces derniers jours», dit-il.

A l’instar de son collègue du SNAES, le président du Collectif des enseignants indignés estime qu’il faut organiser une rencontre qui réunira toute la communauté éducative. «Mais la réalité est que nous attendons les décisions politiques pour améliorer nos conditions de travail. Les établissements scolaires doivent être sécurisés. Nous attendons l’organisation d’un forum national sur l’éducation et nous attendons également les réponses sur le statut particulier de l’enseignant», soutient Jacques Bessala Ngono, dans les colonnes du journal.

Auteur:
Béatrice KAZE
 @T_B_A
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