De nombreux avocats sont encore sous le choc après la scène surréaliste qui s’est produite dans la soirée du mardi 10 novembre 2020 au Tribunal de Première Instance de Bonanjo à Douala.

En effet, au cours d’une audience qui visait la remise en liberté de deux avocats, poursuivis pour «outrage à magistrat, tentative de corruption, et escroquerie», Des centaines d’avocats, venus soutenir leurs confrères, ont été violentés par des policiers en plein tribunal.

Une scène qui a particulièrement révolté Me Claude Assira, avocat aux Barreaux du Cameroun et de Paris en France. Dans une réaction adressée au ministre de la Justice, Laurent Esso, et publiée dans les colonnes du journal Le Messager édition du 12 novembre 2020, l’avocat se demande ce qui peut «justifier un tel déchaînement de violences et de barbarie dans un Palais de Justice, contre des Avocats uniquement armés de leurs costumes professionnels ? Au nom de quoi justifiez-vous cette double profanation des emblèmes séculiers de notre Justice ? Dites-moi tranquillement, qu'est-ce qui se passe dans mon pays pour que la violence soit banalisée à ce point ?», écrit-il.

«Vous voulez nous écœurer ? Nous révolter ? Vous allez y arriver...Je vous le Jure...!», conclut l’avocat.

Voici l’intégralité de sa réaction.

«Monsieur le ministre de la Justice, Garde des Sceaux, monsieur le ministre délégué auprès du ministre de la Justice, Qu'est-ce qui a mal marché ? Qu'est-ce qui peut justifier un tel déchaînement de violences et de barbarie dans un Palais de Justice, contre des Avocats uniquement armés de leurs costumes professionnels ? Au nom de quoi justifiez-vous cette double profanation des emblèmes séculiers de notre Justice ? Dites-moi tranquillement, qu'est-ce qui se passe dans mon pays pour que la violence soit banalisée à ce point?

Hier, c'était nos frères et confrères des régions des Nord et Sud-Ouest. Vous nous avez dit qu'ils étaient des hors-la-loi. Puis, ce fut le tour d'une femme seule, sans défense qui ne constituait pas un risque. Hier, c'était Michèle Ndoki. Il nous était dit que bien qu'Avocate et identifiée comme telle, elle était dans l'exercice d'une activité politique (le crime !!!!) et hors des prétoires (la justification !!!). Aujourd'hui, c'est quoi les raisons ? Pourquoi ne dites-vous rien depuis mardi ? Qui est le commanditaire ? En quoi était-ce justifié ? Qui était menacé au point de justifier l'usage de fusils? Où est la proportionnalité ? Quel est le but recherché ? Vous voulez nous écœurer ? Nous révolter ? Vous allez y arriver...Je vous le Jure...!!!!!».