Du 10 au 12 octobre 2018, les experts de la banque, des finances et de la téléphonie se concertent à Douala sur la mise en place de l’interopérabilité intégrale Carte-Mobile-Transferts dans la sous-région Afrique Centrale. Une rencontre initiée par le Groupement Interbancaire monétique de l’Afrique Centrale (Gimac). Dans cet entretien, le directeur de cette institution revient sur la nécessité de la mise en place de ce système dans la zone Cemac.

Qu’est-ce qu’il faut attendre   exactement par Interopérabilité intégrale Carte-Mobile-Transferts dans la zone Cemac ?

L’interopérabilité intégrale vise à étendre l’interopérabilité existante « carte ». J’insiste sur la carte. Jusqu’à ce jour, l’interopérabilité, qui veut dire travail en commun de plusieurs infrastructures réseaux de différents réseaux monétiques va s’étendre  au mobile. Notre but est d’étendre dans la sous-région Afrique Centrale,  l’interopérabilité de la carte.

Quelle est l’importance de ce système dans la zone Cemac ?

Nous avons constaté que les couches les plus défavorisées dans la zone Cemac ont beaucoup plus épousé le mobile comme instrument de paiement. Nous voulons donc désormais étendre l’interopérabilité carte qui existe jusqu’à ce jour dans la sous-région, au mobile, au transfert d’argent et pourquoi pas aux instruments de paiement électronique. De nos jours, les startups sont en train de développer des solutions de paiements formidables et ce sont des moyens qu’il  faut développer. La finalité c’est de disposer des moyens de paiement, de faire des opérations un peu partout dans la zone. Le but de cette interopérabilité intégrale c’est de faciliter les opérations, surtout que nous avons beaucoup de déficit en termes d’infrastructures physiques (routes, etc.) face à cette pénurie de moyens de mobilité, il est donc important de faciliter la vie à de nombreux habitants de la zone Cemac.

Il est reproché aux  banques de faire uniquement du profit, au détriment du patriotisme économique. Qu’est-ce qui explique cette situation ?

J’ai eu l’impression que la carte Gimac n’était pas promue et les produits financiers de la sous-région aussi.  Pourtant, ces offres ont été dimensionnées par la banque centrale pour profiter au plus grand nombre. Un retrait d’argent dans un guichet automatique est un retrait dans un autre, et les frais ne devraient pas être considérables. Nous avons eu l’impression que les banques n’étaient pas promptes à promouvoir les cartes du Gimac qu’à promouvoir les cartes internationales. On ne peut pas comprendre pourquoi une personne  qui ne voyage pas ait une carte Visa pour faire de l’interopérabilité dans le même pays. Il faut du patriotisme économique, il ne faut pas voir les choses en termes de profit, il faut développer la région et dématérialiser les moyens de paiements.

Quels sont les objectifs de cette réunion de mise en œuvre et pilotage de l’interopérabilité intégrale carte et mobile dans la Cemac qui s'est tenue à  Douala?

Nous voulons que la mise en œuvre de l’interopérabilité intégrale carte, mobile, transfert se passe mieux que ceux que nous avons  connu avec l’interopérabilité carte. J’appelle à la conscience citoyenne, la conscience communautaire de toutes les banques de la sous-région, pour que nous fassions tout ce qu’il faut pour être à la page dans cette nouvelle économie. Et face à la concurrence, nous devons nous arrimer. Car, nous avons des concurrents qui utilisent les paiements dématérialisées, la robotisation, la standardisation, etc. pour survivre à cette économie mondiale, il faut s’arrimer. J’en appelle à l’émergence économique, à la dématérialisation des systèmes et moyens de payements et la réduction du paiement en cash qui handicapent nos économies, et favorise la Corruption, parce que l’agilité et la transparence n’y sont pas.

Est-ce que la réglementation en vigueur est favorable à la mise en place  de ce système de paiement ?

Au cours de nos travaux, nous allons nous atteler à cette convergence de point de vue. A un moment donné, il y a eu de la méfiance entre les acteurs du secteur bancaire et les acteurs du mobile. Au Gimac, nous ne cessons de dire que l’heure est à l’union, à des synergies.

Marie Louise SIMO