Cameroun/France – Lutte contre le COVID-19: Le médecin camerounais Aimé Bonny conteste le procédé thérapeutique du Professeur Didier Raoult

Par Pierre Arnaud NTCHAPDA | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 06-Apr-2020 - 19h57   8798                      
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Professeur Aimé Bonny Facebook
Le scientifique Africain estime que la décision des autorités sanitaires de la retenir est politique. Il exige une étude normale comparative de ce traitement du coronavirus.

Cameroun/France  – Lutte contre le COVID-19: Le médecin camerounais Aimé Bonny conteste le procédé thérapeutique  du Professeur Didier Raoult

Le scientifique Africain estime que la décision des autorités sanitaires de la retenir est politique. Il exige une étude normale comparative de ce traitement du coronavirus.

Le traitement du COVID-19 proposé par le professeur Didier Raoult n'est pas approuvé par nombre de spécialistes en France. Cette association de l'hydroxychloroquine et de l'azithromycine, les deux molécules données aux patients soignés par l'éminent microbiologiste français est considérée avec beaucoup de réserve. Parmi les sceptiques il y a le cardiologue camerounais Aimé Bonny.  L’enseignant de l’université de Douala a donné depuis Paris le 2 avril 2020 son avis sur Equinoxe télévision. « J’aimerais bien que le professeur Didier Raoult ait raison, qu’il ait le Prix Nobel de médecine parce qu’il aura sauvé la planète. Comme je l’ai dit dans mon blog sur Mediapart, personne ne veut que le monde soit décimé. Je voudrais que les Camerounais comprennent. Qu’ils se disent qu’il n’ y a pas de gens qui veulent que nous mourons tous  et d’autres qui veulent sauver. Nous tous nous voulons sauver. Mais simplement nous avons un raisonnement scientifique »,  a réagi l’invité du programme  Equinoxe Soir.

Le professeur Bonny explique que le raisonnement scientifique est d’autant plus important qu’il  a permis l’évolution du monde, la  réduction du taux de mortalité globale, l’augmentation de l’espérance de vie des populations. Pour lui, « on soigne mieux aujourd’hui parce qu’on a  trouvé des modèles mathématiques, statistiques pour démontrer que telle thérapeutique est  importante ou alors elle n’est pas importante ».  L’universitaire africain indique que Didier Raoult n’a pas convaincu même les plus éminents scientifiques de France.  « Le professeur Raoult essaie de nous dire « comme je m’appelle le professeur Raoult, un éminent scientifique, j’ai plus de 1800 publications. Donc ce que je dis, vous prenez ça pour argent comptant ». La science n’est pas la religion. A l’opposé, j’ai envie de vous dire que dans le comité scientifique français qui conseille Macron par exemple il y a quand même des gens qui  au minimum ont la même carrure que le professeur Raoult et même davantage. N’oubliez pas que Madame Barré-Sinoussi  Prix Nobel de Médecine pour avoir découvert le SIDA fait partie de cette commission et elle n’est pas pour cette approche de Raoult qui consiste à dire que ça marche sans avoir fait une étude normale comparative. C’est pour cette raison que moi aussi je dis qu’il ne nous a pas convaincus », dit Aimé Bonny.  

D’après lui « une lecture très stricte » de la décision du gouvernement français d’autoriser  le protocole du Professeur Raoult montre que cette décision  « est aussi politique ».  Il explique alors que  sur les réseaux sociaux, les statistiques montrent que  plus de 80% des intervenants « veulent ce que Raoult propose ». Le médecin camerounais précise cependant que le « gouvernement français a encadré ces prescriptions en attendant des études ». Il promet des résultats cette semaine mais souhaite que le protocole de soins qui fait polémique ne soit pas appliqué à toutes les catégories de patients. « En attendant, ne donnons pas ça à tout le monde. Donnons à des gens qui sont  effectivement assez graves. Parce que ceux-là de toute façon il n’y a peut-être pas grand-chose à perdre et c’est fait dans un environnement qui est sécurisé ».  

Aimé Bonny juge le traitement « potentiellement dangereux pour plusieurs organes dont le cœur ».  Il parle de complications potentielles , du passage de l’effet thérapeutique à l’effet toxique. « Lui,  il nous donne des doses qu’on ne connaissait pas avant. Non seulement il nous demande de doubler la dise mais il nous demande de l’associer à un autre médicament l’axithromicyne qui a les mêmes effets secondaires ». Il ajoute que  si des patients guérissent spontanément c’est par l’effet placébo. Avec ou sans la chloroquine que promeut Didier Raoult. Il explique  que le Maroc  qui a adopté le traitement à la chloroquine  ne connaît pas une baisse de la mortalité due au COVID-19.

Auteur:
Pierre Arnaud NTCHAPDA
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