Centrafrique: l'aéroport de Bangui aux mains d'insurgés

Par | AP
Dimanche 16 mars 2003 - 17-Mar-2003 - 08h30   55184                      
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Des insurgés se sont emparés samedi de l'aéroport de Bangui et de résidences de la capitale centrafricaine appartenant notamment au président Ange-Félix Patassé, absent du pays au moment des faits.
BANGUI, Centrafrique (AP) - Plusieurs milliers de civils ont pillé le domicile privé du président après que des hommes armés en eurent pris le contrôle. Les bureaux du chef de l'Etat et les habitations d'autres dignitaires ont subi le même sort, a-t-on pu constater sur place. Ces événements ont été précédés de tirs d'artillerie lourde et d'armes légères à partir de 15h15 heure locale (13h15 GMT), lorsque des combattants rebelles sont entrés dans Bangui par les quartiers nord, dont de nombreux habitants ont pris la fuite, souvent paniqués. Les échanges ont cependant baissé en intensité à la tombée de la nuit. Après plusieurs heures de tirs sur l'aéroport, les assaillants ont affirmé à l'Associated Press qu'ils contrôlaient désormais le terrain, ce qu'a ensuite confirmé un haut responsable des forces de sécurité centrafricaines. Le président Patassé se trouvait samedi soir à l'hôtel Hilton de Yaoundé (Cameroun), son avion ayant été dérouté après avoir été la cible de tirs à son retour du Niger. Le chef de l'Etat centrafricain venait de participer à Niamey à un sommet des pays membres du Groupe du Sahel et des Etats du Sahara consacré aux question d'irrigation. Selon des témoins, les insurgés ont exprimé leur loyauté au général François Bozizé, l'ancien chef d'état-major limogé en octobre 2001 pour une tentative de putsch et dont les forces ont à nouveau tenté de prendre Bangui en octobre dernier, avant d'être repoussées par des soldats libyens et des insurgés congolais. Vendredi soir, le ministre centrafricain de l'Intérieur, Mazette Jacquesson, avait annoncé à la radio que les troupes de François Bozizé lançaient une nouvelle offensive, mais que le gouvernement protégerait les citoyens. Alors que des soldats de l'armée régulières commençaient à faire défection à mesure que se gonflaient les effectifs rebelles, certains civils annonçaient l'arrivée dans les prochaines heures ou les prochains jours de François Bozizé à Bangui. L'information n'a pu être confirmée de source indépendante. Avant de se rendre au Cameroun, M. Patassé avait pu rencontrer samedi son homologue tchadien Idriss Deby, longtemps accusé par Bangui de soutenir Bozizé, mais il ne semblait pas alors être informé de la situation dans son pays. Dans toute la Centrafrique, la télévision et la radio nationales n'émettaient plus et aucun responsable gouvernemental ne s'exprimait sur les événements en cours. A en croire des habitants de la capitale centrafricaine, les assaillants s'en prenaient également aux banques situées le long de la frontière avec la République démocratique du Congo (RDC), afin de couper les vivres aux rebelles congolais qui avaient soutenu le président Patassé dans le passé. A Paris, le Quai d'Orsay a ouvert une cellule d'information (joignable au 01.45.55.80.00) et dénoncé un éventuel coup de force rebelle. "Face aux événements qui se déroulent à Bangui, la France rappelle sa condamnation de toute tentative armée pour renverser un chef d'Etat légitimement élu", selon un communiqué du ministère. Pour les autorités françaises, "l'intégrité" de la force de sécurisation et d'observation de la CEMAC (Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale), mise en place avec le soutien de Paris, "doit être respectée" et "seule une solution politique permettra de sortir de la crise en Centrafrique". AP




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