Chine - Polémique: Que s’est-il réellement passé avec les africains à Guangzhou ?

Par Fred BIHINA | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 17-Apr-2020 - 18h08   5914                      
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Des africains en Chine archives
Des images de ressortissants du continent refoulés des commerces ou mis à la porte de leurs différents logements en Chine, ont fait le tour de la toile; choquant la communauté internationale. Mais que s’est-il réellement passé ? Cameroon-Info.Net vous propose une petite enquête sur une mini-crise survenue alors qu’une autre crise, celle-là provoquée par le Coronavirus, cristallise les attentions.

Les Etats-Unis, à travers leur Secrétaire d’Etat adjoint en charge des Affaires Africaines, Tibor Nagy, ont dénoncé des «vidéos et histoires épouvantables», soulignant que «les abus et la xénophobie n’ont pas leur place dans la lutte contre la pandémie mondiale».

L’Union Africaine, par la voix de Moussa Faki Mahamat, le président de la Commission de l’UA, a exprimé sa préoccupation face à la situation.

Des images diffusées en boucle sur internet et par certains médias traditionnels, montrent des africains vivant dans la province de Guangzhou (Canton), refoulés de certains commerces et hôtels ou encore mis à la porte de leurs différents logements par des propriétaires chinois.

Des actes de représailles, selon certains, provoqués par le fait que des ressortissants africains s’étaient soustraits aux mesures de confinement imposées par l’Empire du milieu.

Pourquoi ?

«Il s’agit d’actes isolés qui ne sauraient restés impunis», prévient à Cameroon-Info.Net, une source proche des milieux diplomatiques chinois.

Tout en reconnaissant et en déplorant les abus, notre interlocuteur fait remarquer que les images en circulation sur la toile ont été sorties de leur contexte.

«Il se passe que, début mars (2020, NDLR), lorsque le Chine commence à prendre le dessus sur la pandémie, des codes couleur ont été donnés à des pays bien spécifiques à travers le monde en fonction de l’évolution de la maladie. Les pays comme l’Italie (qui enregistrait le taux le plus élevé de cas positifs au COVID-19) par exemple, avaient une couleur rouge, c’est-à-dire danger ! Quelqu’un qui revenait de l’Italie, qu’il soit italien ou chinois, subissait une batterie de tests au moins trois fois pendant qu’il était en quatorzaine. Il devait subir au moins quatre tests à la suite de quoi, s’il était avéré qu’il n’est pas positif, on lui donnait une carte qui lui permettait de circuler», explique notre informateur.

Quelques semaines plus tard, voyant la propagation du virus en Afrique, les autorités chinoises vont prendre des mesures similaires pour les pays du continent. Des mesures qui, soit dit en passant, sont aussi bien appliquées aux résidents étrangers qu’aux ressortissants chinois.

«Ce n’est qu’à partir du 26 mars, lorsque les autorités chinoises ont constaté qu’il y avait déjà des pays africains où le virus se propageait assez rapidement, que ces mesures ont été élargies aux ressortissants africains», précise notre interlocuteur. Des propos corroborés par plusieurs témoignages d’africains vivant à Guangzhou.

Le problème va se poser lorsqu’un ressortissant nigérian, contrôlé positif au COVID-19, refuse de se soumettre au traitement médical.

«Il a dit que c’est un virus créé et qu’il ne pouvait pas en mourir. Il a même affirmé qu’en prétextant un traitement, le personnel soignant voulait lui inoculer un autre virus. Il a commencé à battre sur le personnel soignant, blessant ainsi deux infirmières», relate cette source.

Cet incident alerte les autorités chinoises qui se résolvent, à partir de ce moment, à tester systématiquement les africains.

«Ce sont d’abord 10 africains qui sont testés. Parmi eux, 5 cas se révèlent positifs. Du coup, ça a mis la puce à l’oreille des autorités chinoises qui ont donc décidé de systématiser les tests. On a ainsi pris près de 3000 ressortissants africains, 111 parmi eux étaient contaminés», nous apprend notre source, qui indique que la démarche visait à limiter la propagation du virus au sein de la communauté africaine.

Autre mesure, il sera imposée une quatorzaine obligatoire à tous les africains ayant récemment voyagé. «Si pendant la quatorzaine, vous sortez une seule fois, ça annule cette quatorzaine et vous êtes obligé de recommencer une nouvelle quatorzaine. Ce sont toutes ces mesures qui ont énervé certains africains qui s’en prenaient aux personnels soignants».

Voilà donc qui a provoqué la colère de certains chinois, qui ont rétorqué en commettant les abus qu’on a pu voir sur la toile.

Liens d'amitié solides !

«La Chine et l'Afrique sont de bons amis, partenaires et frères. Notre amitié s'est forgée sur la base des efforts conjoints déployés au cours des dernières décennies pour obtenir l'indépendance nationale, la libération, le développement économique et de meilleures conditions de vie. Une telle amitié, qui a fait ses preuves, est un trésor pour les peuples chinois et africain», conclut cette voix autorisée des milieux diplomatiques chinois, citant le porte-parole du ministère chinois des Affaires Étrangères.

Auteur:
Fred BIHINA
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