Ciment : Le gouvernement veut bloquer l'augmentation des prix

Par Parfait N. Sik | Repères
- 05-Apr-2008 - 08h30   53601                      
0
Le Premier ministre demande à Cimencam de surseoir à la revalorisation du prix du ciment de 600 francs décidée le 28 mars 2008 pour ne pas provoquer de remous sociaux supplémentaires.
Un bras de fer a actuellement lieu entre le gouvernement et Cimencam à propos du prix du ciment. Dans un courrier en date du 28 mars, le secrétaire général des services du Premier ministre, écrit : " Faisant suite à votre lettre par laquelle vous avez bien voulu porter à sa hate attention la volonté de la Cimencam de relever le prix du sac de ciment CPJ 35 vendu à Yaoundé à 5 500 F CFA TTC à compter du 28 mars 2008 contre 4 900 F CFA TTC actuellement, j'ai l'honneur de vous faire connaître que le Premier ministre, chef du gouvernement, est réservé sur cette décision inopportune et incompréhensible… " La lettre, signée de M. Jules Doret Ndongo, évoque les récentes mesures de réduction des prix prises par le président de la République, notamment l'ordonnance du 7 mars 2008 portant révision du taux de tarif extérieur commun (Tec) applicable à l'importation du ciment et la diminution des droits de douane sur le clinker importé par Cimencam. " Aussi me charge-t-il de vous demander de bien vouloir surseoir à cette décision dans l'intérêt bien compris de tous et afin qu'elle n'engendre pas de remous sociaux supplémentaires ", conclut le Sg des services du Premier ministre. Au moment où ces lignes sont écrites, la réaction de Cimencam à cette correspondance n'est pas connue. Mais il serait étonnant que cette entreprise revienne sur cette décision, visiblement entérinée par le conseil d'administration, présidé par M. Emmanuel Nganou Djoumessi, par ailleurs secrétaire général adjoint des services du Premier ministre. Quid du souci d'apaisement défendu par le gouvernement ? Cimencam explique dans un communiqué officiel que la direction générale a pris la décision responsable de différer l'annonce de la hausse initiale des prix du ciment prévue le lundi 25 février 2008. A cette date, le sac de ciment ordinaire vendu à Yaoundé aurait dû passer de 4 900 francs à 5 600 francs. Mais la grève des taxis et les émeutes qui ont suivi, toutes assises sur la vie chère, ont refroidi l'entreprise. Les récents allègements fiscaux quant à eux, notamment une baisse de 10 à 5% des droits de douanes sur l'importation du clinker, permettent de réduire, selon Cimencam, l'augmentation initiale, qui était de 700 francs, à 600 francs " seulement ". A la direction générale de l'entreprise, on indique que les mesures préférentielles présidentielles n'auront pas d'effets que sur les prochaines importations du clinker qui n'interviendront pas avant un certain temps et les sacs de ciment y afférents ne seront vendus qu'en fin d'année. " Mais Cimencam est bien obligée d'en tenir compte dès maintenant ", confie une source. Une concession que l'unique producteur de ciment au Cameroun ne souhaite pas généraliser, notamment en renonçant à l'augmentation décidée le 28 mars 2008. Il s'appuie dans sa démarche sur la décision, prise en avril 2004 par le ministre du Commerce, de retirer le ciment de la liste des produits dont les prix sont soumis à l'homologation préalable. Mais plus encore, Cimencam exhibe l'argument de l'augmentation des coûts des matières premières et du fret maritime. Le clinker, qui entre pour 2/3 dans la composition du ciment, a vu son prix croître de 63% en deux ans. Le prix du gypse, autre composant, a progressé de 50%. Et le pétrole caracole actuellement au-dessus de 100 dollars le baril. Conséquence, " aujourd'hui, à chaque tonne de ciment fabriquée, Cimencam accuse une perte financière importante ", note le communiqué de presse annonçant la hausse du prix du ciment ordinaire. Chez les consommateurs, la décision de Cimencam de vendre le sac de ciment CPJ 35 plus cher de 600 francs dès le 28 mars n'a pas ému outre mesure. Parce que le produit continue d'être rare sur le marché. Et parce qu'il est depuis victime de spéculateurs qui ont depuis établi son prix réel autour de 6 000 francs à Yaoundé. " On est même surpris quand on entend que le prix du sac de ciment va augmenter à 5 600 francs alors que c'est moins que le prix actuel du marché ", observe un consommateur devant une quincaillerie à Emana.




Dans la même Rubrique