Coalition: Antar Gassagay quitte le navire

Par Edmond KAMGUIA K. | La Nouvelle Expression
- 04-Oct-2004 - 08h30   53475                      
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Antar Gassagay abandonne la Coalition et soutient le candidat Paul Biya. Cette défection était prévisible. Certains leaders de la Coalition nationale pour la réconciliation et la reconstruction n’ont cessé d’étaler sans façons conflits d’intérêts et opportunisme politique. Les racines du mal sont vieilles de 12 ans.
Antar Gassagay abandonne la Coalition et soutient le candidat Paul Biya. Ce n’est pas une grande surprise pour ceux qui ont suivi son parcours politique. A l'issue des premières élections pluralistes, on a vu des hauts cadres de l'opposition s'engouffrer dans les gouvernements nouvellement formés. C'est ainsi qu'après les législatives de mars 1992, le Mdr de Dakolé Daïssala s'est allié au Rdpc (qui n'avait qu'une majorité relative à l'Assemblée nationale) contre quelques strapontins ministériels. Alors que tous les partis de l'opposition ayant pris part à ce scrutin totalisaient de fait la majorité absolue au parlement. Au lendemain de l'élection présidentielle du 11 octobre 1992, d'autres dignitaires de l'opposition ne se sont pas fait prier pour accéder au gouvernement. Augustin Frédérick Kodock de l'Union des populations du Cameroun (Upc), Antar Gassagay du Pnp qui, fut trésorier de l'association Cap Liberté, Hamadou Moustapha de l'Undp et Issa Tchiroma, lui aussi de l'Undp, allaient se faire remarquer dans le gouvernement formé le 27 novembre 1992. Ils occuperont respectivement les postes de ministre de l'Etat chargé de l'Aménagement du territoire ; de secrétaire d'Etat à l'Administration territoriale chargé de l'Administration pénitentiare ; de vice-premier ministre chargé de l'Urbanisme et de l''Habitat ; et de ministre des Transports. Augustin Frédérick Kodock quittera par la suite le gouvernement le 7 décembre 1997. Au poste de ministre d'Etat chargé de l'Agriculture. Poste qu'il a retrouvé et qu'il occupe effectivement depuis le 24 août 2002. Date de sortie du gouvernement de Henri Hogbe Nlend à qui le portefeuille de la Recherche scientifique avait été confié cinq années auparavant. L'une et l'autre personnalités qui se disputent le poste de secrétaire général de l'Upc se relaient finalement au sein du gouvernement au rythme des saisons électorales ou selon les humeurs du président de la République. Si le retour au sein du gouvernement de Bello Bouba Maïgari en décembre 1997a sonné le glas pour Hamadou Moustapha et Issa Tchiroma vraisemblablement à la quête de nouveaux repères, Antar Gassagay, qui avait demandé de voter pour Paul Biya en octobre 1992 comme en octobre 1997, a quitté le gouvernement le 18 mars 2000. Le revoici quatre ans après dans une coalition de l'opposition aux côtés d'Adamou Ndam Njoya qui n'a jamais accepté de négocier quoique ce soit avec le parti au pouvoir. Antar Gassagay est fidèle à sa logique alimentaire lorsqu’il claque aujourd’hui la porte de la Coalition pour rejoindre la majorité présidentielle qui soutient la candidature de Paul Biya. Le passé permet parfois d'éclairer le présent. Mais, jusqu'où ne peut-on pas aller en politique ? On ne peut en effet comprendre les problèmes qui minent la Coalition pour la réconciliation et la reconstruction nationales (Crrn) aujourd’hui si l’on ne jette un regard sur le fonctionnement de l’Union pour le changement, à la veille de la toute première élection présidentielle pluraliste dans notre pays : le scrutin de 11 octobre 1992. A cette époque déjà, le projet de candidature unique de l’opposition buta sur un malentendu entre les protagonistes actuels de l’opposition. Bien que le Chairman du Social Democratic Front (Sdf), Ni John Fru Ndi, fut désigné par un ensemble de partis politiques regroupés autour de l’Union pour le changement, Adamou Ndam Njoya de l'Union démocratique du Cameroun (Udc) allait lui aussi se présenter lui aussi à ce scrutin. Et obtenir un résultat désastreux. A peine 3,6% des suffrages exprimés. Très loin derrière Bello Bouba Maïgari de l’Union nationale pour la démocratie et le progrès (Undp) et surtout de John Fru Ndi qui occupa officiellement la deuxième place, avec 35,96 % des suffrages exprimés contre 39,97 % pour le candidat déclaré vainqueur : Paul Biya du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc). La victoire fut du reste contestée par le challenger de Paul Biya. On se rappelle que John Fru Ndi qui réclamait sa “victoire volée” fut assigné à résidence dans son domicile de Ntarikong, à Bamenda, pendant deux mois. Lors de l’élection présidentielle du 12 octobre 1997, les leaders du Sdf et de l’Udc ont, d’un commun accord, décidé de ne pas y prendre part. Ensemble, ils avaient lancé un mot d’ordre de boycott dudit scrutin. Le leader de l’Undp, Bello Bouba Maïgari, qui s’était associé à leur initiative, allait par la suite nouer une alliance avec le parti au pouvoir. Il va obtenir pour son parti quatre postes ministériels et intégrer le gouvernement. REACTIONS: Theophile Yimgaing Moyo, Charge de la Communication a l'UDC: “On s'était méfié de lui” “La défection de Monsieur Antar Gassagay était prévisible. Tout le monde connaît son parcours. On sait qui il est, ainsi que son parcours ces quinze dernières années. Cela fait quelque temps qu’on s’était méfié de lui, depuis qu’il avait promu et soutenu la candidature de Mila Assouté pendant près d’une semaine. Alors que ce monsieur appartient au Rdpc. Mais, comme nous sommes dans une coalition de réconciliation nationale, nous n’avons pas voulu être sectaires. Nous sommes préparés à enregistrer d’autres défections. Notre bateau vogue sur des eaux sereines et cela n’arrêtera pas la dynamique de la Coalition.” NI JOHN FRU NDI: “CETTE COALITION PORTAIT LES GERMES DE LA TRAHISON” "C’était à prévoir. Voilà des gens qui ne voyaient de bons candidats que dans le camp du Rdpc. Comment voulez-vous que cet ancien ministre, qui doit tout au pouvoir, reste dans une coalition de l’opposition alors qu’il espérait encore obtenir un poste ? je ne suis pas le moins du monde surpris. Il fait partie des gens qui me jugeaient et qui m’ont traité de tous les noms. Je m’attends à voir d’autres départs. Cela veut dire que cette Coalition portait en elle les germes de cette trahison. Monsieur Antar Gassagay était en mission à la Coalition, comme d’autres d’ailleurs. J’espère que le peuple Camerounais en tirera les leçons et que la campagne que ces gens ont méné sur ma prétendue trahison va s’essouffler d’elle-même. Les camerounais nous jugeront sur le terrain. Je vous avais déjà dit que je ne crains pas la bagarre. Je me battrai comme un homme pour faire triompher la vérité.”




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