Constitution : Issa Tchiroma Bakary pour la modification

Par Aimé-Francis AMOUGOU | Cameroon Tribune
- 21-Feb-2008 - 08h30   51868                      
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La position du président national du Front pour le salut national du Cameroun (Fsnc) présentée hier à Yaoundé au cours d’une conférence de presse.
Supposons qu’au journal de ce soir, le président de la République décide de démissionner de ses fonctions, avec effets immédiats. Que se passerait-il alors? C’est de cette hypothèse d’école, formulée avec l’appui d’un expert constitutionnaliste, que part Issa Tchiroma Bakary pour expliquer le choix de sa formation politique de soutenir la modification de la Loi fondamentale. Le président national du Front pour le salut national du Cameroun (Fsnc) a présenté la position de son parti politique hier au cours d’une conférence de presse fort courue, tenue en fin de matinée dans un des salons feutrés de l’hôtel Hilton de Yaoundé. Les journalistes de la presse nationale et internationale, les membres de la société civile, des diplomates et même des élus à l’Assemblée nationale…se marchaient pratiquement sur les pieds. Si, à vrai dire, la position de Issa Tchiroma en faveur de la révision constitutionnelle ne faisait l’ombre d’aucun doute, l’on voulait surtout apprécier la pertinence des arguments utilisés par le leader du Fsnc pour défendre sa position. Pendant son exposé liminaire et, surtout, au cours de la séance questions-réponses avec les hommes de presse, le leader du Fsnc va d’abord faire prévaloir sa fibre nationaliste, comme argument numéro un. « Je suis un homme libre », dira-t-il à la suite d’une question, avant de poursuivre : « Il se trouve que j’aime ce pays qui est le nôtre à tous. Mon devoir est donc, en tant que leader politique, de prendre position, même si mes propos semblent aller à contre-courant ». Et effectivement, certains journalistes ont affirmé « ne plus reconnaître » l’orateur du jour qui, ont-ils dit, a radicalement changé sa position. « Je suis le disciple de Winston Churchill, et en tant que tel, je ne peux rester dans la bêtise. Je change donc de position, au nom de l’intérêt supérieur de mon pays », a-t-il déclaré. « Et, je suis de ceux qui sont en mesure de dire ce qui ne va pas, quand cela ne va pas », a-t-il ajouté. En fait, ce qui ne va pas, selon Issa Tchiroma, ce sont certaines dispositions de la Constitution. C’est le cas de l’article 6, alinéa 2, sur la limitation des mandats à la tête de l’Etat et sur le délai imparti pour organiser une élection présidentielle après le constat de la vacance de pouvoir. « 45 jours, c’est bien peu, voire quasi impossible », a-t-il affirmé, présentant « cette évidence » comme une autre argument majeur. « Tout le monde sait cette impossibilité. Pour moi, si personne ne réagit, c’est une anomalie », a-t-il ajouté, avant de poursuivre en disant que « le nom de celui qui est au pouvoir importe peu, par rapport à la teneur des arguments avancés et que lorsque vous êtes dans un bateau qui chavire, que vous aimiez le capitaine ou pas, il est souhaitable que vous lui apportiez votre secours pour éloigner le navire des récifs ». Cet appui, le Fsnc va l’apporter aux institutions républicaines pour faire triompher la cause. Car, a insisté son président national, « on ne modifie pas une Constitution chaque jour, mais la nôtre a un pressant besoin d’être enrichie et améliorée pour garantir un avenir toujours meilleur au Cameroun ». Descendre dans la rue, manifester bruyamment. Ce mode opératoire, selon le conférencier est connu et « il n’a rien changé », a-t-il dit, en guise de conclusion, réaffirmant, à plusieurs reprises, que, lui, Issa Tchiroma Bakary, « n’est pas le genre qu’on achète ».




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