Construction du 2ème pont du Wouri: Magouilles autour de l’attribution du marché

Par François Théodore Evembe | La Nouvelle
- 12-Mar-2012 - 08h30   54964                      
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En faisant présider la commission des marchés neufs par le tout nouveau ministre des Travaux publics, la commission d'attribution du marché a profité de l'inexpérience de Patrice Amba Salla pour activer son réseau mafieux.
L'attribution des marchés publics n'en finit pas de faire parler d'elle au Cameroun, et pour preuve. La commission chargée de l'attribution de la construction du 2ème pont sur le Wouri est entrée de plein fouet dans les tripatouillages et la corruption dans le but ultime d'octroyer ce marché juteux à la société Satom. Lorsque cet appel d'offre a été lancé, 4 sociétés ont soumissionné. Il s'agit de la société San José, Besix, et les 2 sociétés françaises Razel et Satom. Certains observateurs ont été surpris par la présence de Satom qui vient de montrer ses limites dans la construction de l'ancienne route de Bonabéri. En effet 6 mois après la réception, la route est déjà en état de dégradation avancée. Pour comprendre cette situation, l'on indique qu'il existe une forte complicité entre la société Satom et la société de contrôle Egis, qui a pour chef de mission Hamadi Gabouge, de nationalité tunisienne. D'après nos sources, il serait un malversant de premier ordre, car impliqué dans tous les coups fourrés sur tous les marchés publics au Cameroun. Il ressort que dans l'appel d'offre de la construction du 2ème pont du Wouri, la société Satom s'est arrangée à corrompre plus de la moitié des membres de la commission qui comprend 11 personnes, par un procédé macabre. Le président de la commission, Joseph Gado, qui n'est pas cité dans les différents tripatouillages, voulait pourtant que toutes les sociétés qui sont passées à l'offre technique, accèdent à l'offre financière. Or, François Félix Ewane, inspecteur technique n°1 au Mintp, et pion de Nguema Essono, président de la commission des travaux neufs ne l'entendait pas de cette oreille. Virginie Lekeufack, chef de division des ouvrages d'Art au Mintp, serait également manipulée par Gabouge. Patience Lobe, chef de division des marchés au Mintp, n'est pas en reste. Fritz Ntone Ntone, délégué du gouvernement auprès de la Communauté Urbaine de Douala, aurait un rôle important en donnant l'impression de jouer franc jeu alors que c'est son architecte de frère, Jean Yango, directeur des études à la Communauté Urbaine de Douala, qui était chargé de faire le sale boulot. C'est lui qui serait à l'origine de la mauvaise réalisation de la route de Bonabéri. Selon certaines indiscrétions, c'est à ce dernier que Gabouge aurait remis de l'argent pour corrompe la commission pour voter contre. A titre de rappel, le Pr. Daniel Abwa, historien, chef du département d'Histoire à l'Université De Yaoundé I a voté contre alors que Valentin Nga Ndongo, sociologue, chef de département Sociologie à l'Université de Yaoundé I a voté pour. Faïrouz Chendjouo, architecte, inspecteur technique n°2 au Minduh, absente, a donné une procuration à Gabouge qui a voté contre. Danielle Diwouta Kotto, architecte à Douala, a laissé une procuration pour voter contre. René Esso, enseignant retraité de cours d'ouvrage d'art à Polytechnique, ancien directeur à la direction générale des grands Travaux du Cameroun, était pour que les sociétés retenues à l'offre technique accèdent à l'offre financière. Et enfin le truculent Hamadi Gabouge, rapporteur de la commission, chef de mission de Egis dans le cadre de leur mission d'assistance à la passation des marchés de conception de réalisation, grand manitou, manipulateur, fossoyeur et grand danger, a voté contre. L'appel d'offre technique a été remis le 15 décembre 2011 et durant 2 mois, la commission s'est évertuée à éplucher tous les éléments techniques sur cet appel d'offre. D'après nos sources, la première complaisance à l'endroit de Satom s'est manifestée lorsque cette dernière a proposé techniquement que le pont soit fait uniquement en béton. La société Egis a donné son accord tout en assurant qu'en construisant en béton, le maitre d'ouvrage gagnait 3 milliards de Fcfa sur l'appel d'offre et par rapport à la société Razel qui proposait que l'édifice soit en acier-béton, ce qui selon l'expertise d'Egis reviendrait nettement plus cher que l'offre de Satom. Lobbying Malheureusement, après une expertise profonde des techniciens de Razel, d'Egis et de la Communauté urbaine de Douala, il s'est avéré que l'édifice en béton était à plus de 10 milliards au dessus de la valeur. Suite à cette erreur monumentale d'Egis, ils ont été ramenés à faire un édifice acier-béton comme Razel l'avait proposé. Le 23 février 2012, la commission décide d'ouvrir le dossier qualitatif des soumissionnaires. Par la suite, Satom ayant déjà au préalable négocié avec la majorité des membres présents, la commission a décidé de noter les soumissionnaires sur 70 points et que seul celui qui obtiendrait le meilleur score à cette phase pourrait accéder à la phase finale qui est l'ouverture financière. Seule Razel a obtenu 61 points sur 70, les autres soumissionnaires étaient à moins de 55 points, raison pour laquelle un autre vote a été organisé pour permettre qu'au moins un autre soumissionnaire soit désigné pour aller à la 3ème phase. Ils se seraient arrangés à éliminer systématiquement tous les adversaires de Satom pour permettre qu'aucune autre société ne puisse atteindre la dernière phase qui est l'offre financière. Sur les 11 membres ayant voté, 3 ont voté pour, 3 ont voté contre, 3 se sont abstenus, et Fritz Ntonè Ntonè a voté pour. Et la parole a été donnée au rapporteur Hamadi Gabouge qui n'a pas droit de vote (ce qui est prévu par les textes) mais qui a voté pour que Satom se retrouve à la phase finale. Mais le lobbying Satom ne voulant pas prendre le risque de laisser un adversaire plus disant, a préféré arranger un gré-à-gré. Voila donc comment l'attribution des marchés se passe au Cameroun, où les commissions se jouent des ministres, et les études ne sont vraiment pas approfondies. Car comment expliquer qu'une société comme Satom qui vient à peine de connaitre un cuisant échec sur une route de moins de 5 kilomètres, notamment celle de Bonabéri, dégradée après 6 mois d'existence et qu'aujourd'hui on veuille courir le risque de lui confier la construction d'un pont, ouvrage bien plus complexe et d'une technicité plus élevée. De qui se moque-t-on dans cette mafia qui fait uniquement le bonheur des réseaux en branle pour le gombo? Vivement que le ministre des Travaux publics, Patrice Amba Salla sanctionne avec la dernière énergie ces destructeurs du patrimoine national. Car, pour la matérialisation des Grandes réalisations impulsées par Paul Biya, ces réseaux de tripatouillages devraient disparaitre sans condition. La Conac a là un bon lièvre à lever.




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