Comme toutes les autres Petites et moyennes entreprises (PME) du Cameroun, celles du secteur de l’électricité et de l’eau subissent aussi le dictat des banques et des donneurs d’ordres à travers le triangle national. Entre difficultés d’obtenir des prêts bancaires, non paiement de leurs factures et les retards dans le règlement de celles-ci par les donneurs d’ordre, les plaintes sont nombreuses. « Il y a une règle qui veut que la PME qui a des retards, qui a des difficultés soit frappée mais la multinationale qui ne paie pas à temps n’a aucune pénalité. On peut vous payer au bout d’un mois ou au bout de six mois et c’est le même montant », regrette Victor Ekang Esseing, président de l’Association des Entreprises d'Electricité et d'Eau du Cameroun (ASEELEC).
Au cours d’une conférence de presse donnée le jeudi 15 février 2018 à Douala, ce dernier a appelé à la protection des pouvoirs publics qui jusqu’ici ferment les yeux sur les abus qu’ils subissent dans l'exercice de leurs activités. L’entreprise Eneo, le concessionnaire du service public de l’électricité au Cameroun et un de leurs principaux clients fait partie des entreprises pointées du doigt. « Nos rapports avec Eneo ne sont pas très bons. Eneo ne nous considère pas véritablement et comme les autres donneurs d’ordres, ne nous paie pas bien. Si c’était le cas, on verrait moins de poteaux pourris à travers le Cameroun», a expliqué Paul Chumbou, membre de cette organisation.
Pour tenter réconcilier les acteurs du secteur de l’énergie et de l’eau au Cameroun, cette organisation professionnelle organisera le 30 mars prochain à Douala "la soirée des acteurs de l’énergie". Un événement qui interviendra à la suite de leur assemblée générale élective prévue plus tôt dans la journée. Ce sera l’occasion de réunir sur le même plateau plusieurs experts pour parler des problèmes de ce secteur vital au Cameroun. « Nous, nous sommes des praticiens, nous sommes essentiellement des gens de terrain. Mais il est bon que nous évoquions quand même tous les problèmes que les camerounais rencontrent aujourd’hui. C’est pour cela qu’on a créé cette soirée, pour qu’au delà du petit groupement que nous sommes, qu’on sache que derrière nous, il y a les autres qui sont également bénéficiaires, qui rentrent dans ce métier », explique le président de l’ASEELEC.
Ce dernier fonde d’ailleurs énormément d'espoir sur cette rencontre qui devrait aboutir, espère-t-il, à la mise sur pied d’une fédération de tous les acteurs du secteur de l’énergie au Cameroun. « Nous pensons qu’il y aura un changement après cette assemblée générale. Je pense que tout le monde sent tout de suite la nécessité de créer une fédération, de mutualiser nos efforts parce que je pense qu’on a le même objectif à savoir que le secteur de l’énergie soit protégé », souhaite-t-il. L’autre défi de ce groupement patronal, selon son secrétaire général Simon Lapnet est d’assainir ce secteur d’activité de plus en plus miné par des charlatans. Il s’agit d’une association regroupant près de 200 entreprises offrant à peu près 15 000 emplois directs. L’ASEELEC a été créée en 2007.